Europe: une gestion chaotique des flux migratoires

La révolution tunisienne et la guerre en cours en Libye ont donné lieu à ce que l’Europe craignait le plus : une vague incontrôlable de migrants africains à l’assaut du vieux continent. La gestion chaotique de ces brusques afflux montre a posteriori que les craintes européennes étaient justifiées. Et, surtout, que la solidarité entre Etats membres de l’Union Européenne reste encore un objectif à atteindre.
Incapable de prendre en charge les quelque 20.000 migrants africains débarqués sur l’île de Lampedusa, dont une majorité de tunisiens, l’Italie a choisi la solution la plus facile : leur fournir des papiers pour circuler dans tout l’espace Schengen. La décision de Rome a aussitôt provoqué une levée de boucliers dans les autres Etats membres, à commencer par la France et l’Autriche voisines, puis l’Allemagne. Paris a pris des mesures strictes afin que tous les migrants entrés en territoire français sans les documents nécessaires, soient immédiatement renvoyés en Italie. Ulcéré, le ministre italien Roberto Maroni s’est laissé aller: « Je me demande si cela sert véritablement à quelque chose de continuer à faire partie de l’Union européenne (…) Franchement, mieux vaut être seul que mal accompagné ». Mais l’Italie elle-même ne fait pas mieux avec Malte lorsqu’elle refuse d’aider des migrants en détresse sous prétexte que leur embarcation se trouvait à 2 milles nautiques plus près de l’île maltaise que de Lampedusa l’italienne. Un vrai imbroglio qui illustre la totale incoordination et l’absence d’esprit de solidarité entre les pays de l’UE en matière migratoire. Au niveau de l’exécutif européen, les choses ne sont pas meilleures. Bruxelles a critiqué l’attitude de la France, qu’il jugeait contraire au droit européen. Loin d’être intimidé, Paris a rétorqué que « la réponse européenne à la crise migratoire dans la méditerranée n’a pas été à la hauteur ».
Finalement, cet épisode révèle l’impréparation des pays européens à affronter ensemble un problème commun à caractère humanitaire. Un désordre qui ouvre la voie à l’émergence de discours quasi-xénophobes, comme celui prônant de renvoyer tous les migrants arrivés ces derniers mois, sans distinction de leur provenance. Qu’ils fuient la guerre en Somalie ou en Libye, peu importe tant que la citadelle Europe reste épargnée.