L’Afrique, victime de la CPI ?

Depuis déjà quelques temps, beaucoup de critiques pleuvent sur la Cour Pénale Internationale (CPI). Notamment, en ce qui concerne ses rapports avec l’Afrique. Chose qui ne risque pas de changer avec le dernier cas libyen.

En effet, le 16 Mai, le Procureur Luis Moreno Ocampo a demandé l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre Mouammar Kadhafi, son fils, Seif Al Islam, et son responsable des renseignements militaires, Abdoullah al-Senoussi, pour crimes contre l’humanité. Il aura donc fallu à la Cour moins de 3 mois pour diligenter cette enquête, entamée début mars. Du jamais vu ! De ce fait, la Lybie complète la liste exclusivement africaine des pays ayant fait l’objet de procédures de la CPI (Ouganda, R.D.Congo, Centrafrique, Soudan et Kenya) depuis sa création. Cela, malgré le fait que ce pays n’ait pas ratifié le statut de Rome au même titre que la Russie ou les Etats-Unis. Pourtant, ces derniers auraient pu faire l’objet de poursuites, le premier, pour ses exactions sur des civils dans le Caucase et en Tchétchénie, et le second, pour les mêmes motifs en Afghanistan et en Irak.

Ainsi, de plus en plus, l’impartialité de la CPI est remise en cause, à raison, par les dirigeants africains. Ceux-ci avaient d’ailleurs décidé de protéger le président soudanais Omar El Béchir, poursuivi en 2009 pour crimes de guerre au Darfour, en refusant d’exécuter son mandat d’arrêt dans l’Union Africaine. Plus astucieusement, certains chefs d’Etat se servent de la Cour quand bon leur semble. Ainsi, le congolais Joseph Kabila a pu se débarrasser de son rival politique le plus sérieux, Jean-Pierre Bemba, arrêté pour crimes de guerre depuis 2008. Pourtant, le même a refusé de céder Bosco Ntanganda, un ex-rebelle aujourd’hui rallié au pouvoir, faisant l’objet d’un mandat international. Et, le même scénario risque de se dérouler en Côte d’Ivoire, Ouattara, se préparant à livrer Gbagbo à la CPI tout en gardant Soro à ses côtés. Tout cela met en exergue une CPI bien fragile et limitée, se croyant pourtant forte.

A propos de Fitzpatrick Georges 1537 Articles
Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise