Emprunts obligataires : Un danger pour l’Afrique ?

A voir les succès que récoltent les emprunts obligataires émis par les pays africains sur les marchés financiers internationaux, dont le dernier en date revient au Sénégal (2,4 milliards de dollars levés en Mai dernier pour un emprunt initial de 500 millions de dollars), on pourrait être tenté de dire que le continent noir doit remercier les instigateurs de l’initiative pour les PPTE. Car, le pourcentage de la dette par rapport au PIB est l’une des grandes justifications de l’engouement que les emprunts subsahariens suscitent sur la scène monétaire occidentale : celui-ci, variant actuellement entre 30 et 40 % en moyenne sur le continent et crédibilisant ainsi les débiteurs, simplifie les choses. Néanmoins, le phénomène mérite d’être analysé de plus près.

D’abord, toute émission d’emprunt sur le marché obligataire dépend, au préalable, de l’obtention d’une note attribuée par des agences financières internationales Standard Poor’s, Moody’s, etc) : un sésame qui vaut pas moins de 250 000 dollars et qui implique une certaine ingérence car la côte se base, entre autres, sur la situation politique du pays, son économie et ses richesses. En outre, les obligations africaines, émises avec des taux d’intérêt moyens de 6 %, rapportent aux investisseurs, majoritairement occidentaux, plus que celles d’Europe ou d’Amérique (2 %). Une différence qui ne s’explique pas vraiment car les économies africaines ne font que croître pour le moment. Et puis, à l’heure du remboursement, peut se poser le problème du risque de change, l’opération  se faisant en dollars tandis que les Etats africains accumulent des revenus en monnaie locale. Après tout cela, il apparaît clairement que les pertes financières ne sont pas négligeables du côté de l’Afrique. Au profit de l’Occident, bien entendu.