Quinze jours après sa survenue, l’attaque menée à Baga continue de faire parler d’elle : hier, Human Rights Watch (HRW) a publié des images satellitaires qui contredisent la version officielle des faits.
C’est la parole de l’armée contre les photos de l’ONG. La première partie soutient qu’au cours du raid, seules 30 maisons ont été détruites. Un nombre dérisoire par rapport aux habitations brûlées visibles sur les images et estimées à 2000 par les chefs des communautés locales. Une description confortée par les photos, sur lesquelles HRW a relevé la destruction de 2275 bâtiments environ.
Après avoir analysé ces éléments, l’ONG estime que ces feux ont été allumés intentionnellement, ce qui balaye la thèse de l’inadvertance soutenue par certaines autorités. Cela correspond aux allégations des mêmes sources : les militaires se seraient livrés à ces forfaits après une attaque de Boko Haram contre une de leurs patrouilles et la mort d’un des leurs. Les mêmes leaders communautaires ont dénombré, juste après le raid, 183 corps.
Comme à son habitude, HRW n’a pas hésité à accuser le gouvernement nigérian de tenter de dissimuler des abus commis par ses troupes. En réponse, le président nigérian Goodluck Jonathan a immédiatement ordonné l’ouverture d’une enquête. Elle portera particulièrement sur le nombre de victimes déplorées lors de cette attaque.
Par ailleurs, le Nigéria est dans la ligne de mire de la Cour Pénale Internationale (CPI) : depuis 2010, cette institution est entrain d’examiner la situation du pays ouest-africain et considère que certains crimes de Boko Haram pourraient relever de sa compétence. Quant à HRW, elle soutient que l’attaque de Baga soit comprise dans cet examen général.
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