Hier, mercredi 22 juin, 60 détenus appartenant au mouvement terroriste Al Qaïda se sont évadés d’une prison de la ville portuaire de Moukalla dans la province du Hadramout au Yemen (Sud Est). Ces hommes auraient réussi à désarmer les gardiens du centre pénitencier avant de s’échapper, tuant, au passage, un des surveillants et blessant deux autres.
Selon certaines analyses, une telle opération ne pouvait se solder par un succès sans la connivence des autorités. En tout cas, c’est l’avis de Nasser Bazkouz, porte-parole de la société civile d’Hadramaout, estimant que « le régime vit ses dernières heures, et veut provoquer le chaos dans la province de Moukalla ». Dans tous les cas, il est certain que, d’une manière ou d’une autre, l’organisation djihadiste locale profite amplement du contexte de contestation généralisée que traverse le pays pour regagner de l’importance. Une thèse qu’un responsable britannique de l’antiterrorisme soutient, déclarant, au courant du mois de mai dernier, qu’Al Qaïda évolue « dans un Etat à la dérive et dont l’appareil de sécurité … se préoccupe d’autres questions, c’est-à-dire la survie du régime, ce qui fait que certaines régions du Yémen sont encore moins gouvernées qu’elles ne l’étaient il y a un an ».
Par ailleurs, Al Qaïda étant la priorité de l’Occident en matière de sécurité, son activisme permet au Président Ali Abdallah Saleh de continuer à entretenir de relations avec Washington en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme. Un pont qui pourrait également servir au dirigeant contesté de négocier son imminente sortie. Néanmoins, depuis quelques mois, cela ne suffit plus à contenir les opérations du mouvement terroriste, qui opère « plus ouvertement », selon Daniel Benjamin, le coordinateur pour l’antiterrorisme au département d’Etat américain, avant d’ajouter, « c’est une grande source d’inquiétude ». Une déclaration justifiée car, plus la crise yéménite se prolonge, plus le pays s’enlise dans une espèce de somalisation qui pourrait aboutir à annihiler toute autorité dans cet Etat. A voir ce que ça a donné dans le pays qui a inspiré le terme, ce n’est pas du tout enviable.
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