Rabat, de notre envoyé spécial Antoine Barbizon
Le « mouvement du 20 Février », issu de Facebook et ayant appelé au boycott du référendum constitutionnel qui se tient aujourd’hui au Maroc, serait « très déçu » par le score de plus de 60% de participation, annoncé par les autorités de Rabat vers 16h30 GMT aujourd’hui, et appelé selon toute vraisemblance à augmenter dans les heures qui suivent, alors que les bureaux de vote ont fermé. Au sein du cercle des journalistes accrédités à Rabat pour la couverture du référendum constitutionnel, l’information avait commencé à circuler en milieu d’après midi, après que la très officielle agence Maghreb Arabe Presse aie diffusé les premiers chiffres de la participation, particulièrement élevés, pendant que le mercure atteignait des sommets. Les marocains ont donc voté, et en masse, malgré un soleil de plomb et les mouvements de jeunes issus d’Internet qui avaient multiplié les appels au boycott ces derniers jours, estimant que la constitution réformée par un collège de juristes ne répondait pas à leurs revendications. Près du siège du mouvement du 20 février au quartier des orangers à Rabat, la déception était visible sur le visage des jeunes militants, dont certains étaient en pleurs. Moad, avec lequel nous échangeons quelques mots, nous livre ses impressions à chaud, estimant que les marocains avaient « trahi la révolution », en se rendant aux urnes massivement, et en votant en faveur de la nouvelle constitution. « Même ma mère est partie voter, », nous dit-il dépité, avant d’ajouter qu’il avait passé « les dernières semaines à tenter de lui expliquer les enjeux, reprenant le texte article par article, mais rien n’y a fait ». Se pourrait t-il que la contestation aie été en réalité moins importante que ce qui a été dépeint par les médias et Internet ? « Il ya certes eu un effet de loupe grossissante autour des mouvements de jeunes, mais il ne doit pas cacher néanmoins le ras le bol de beaucoup de Marocains, notamment à l’encontre de la corruption rampante, ce qui les poussé à aller voter en masse », nous confie ce haut responsable au ministère de l’intérieur marocain, chargé de centraliser les votes. Pour lui, le taux de participation constitue une « heureuse surprise, bien que nous ayons sentis ces deux dernières semaines que quelque chose se passait et que l’opinion commençait à se cristalliser autour de l’enjeu référendaire ». ainsi, il semblerait que la légendaire « Baraka » (chance) des rois alaouites aie cette fois aussi été à l’œuvre, puisque la manœuvre politique de Mohammed VI qui consistait à lancer une vaste réforme constitutionnelle afin de couper l’herbe sous le pied des groupes contestataires, est en passe de se transformer en grande victoire politique d’un règne qui a débuté il ya 11 ans. Autour du siège du mouvement du 20 Février, l’on veut croire que cette réforme constitutionnelle pourra, malgré tout, ouvrir la voie très rapidement à des élections anticipées, qui seraient le second test important de l’année en cours.
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