Terrorisme : Boko Haram, du local à l’international …

Vendredi dernier, une voiture piégée conduite par un kamikaze explosait en s’enfonçant dans l’immeuble du siège de l’Organisation des Nations Unies dans la capitale nigériane, Abuja, faisant du coup au moins 18 morts. Le même jour dans la soirée, Boko Haram, l’organisation terroriste qui veut imposer un Etat islamiste au Nord du Nigéria, revendiquait l’attentat, signant ainsi sa première attaque contre la communauté internationale.
Boko Haram, qui signifie en haoussa (une des langues du Nigéria), « l’éducation occidentale est un péché », a vu le jour en Janvier 2004 dans l’Etat de Borno (Nord-Est). Certains intellectuels et d’autres personnes ayant rompu avec la société, toutes classes confondues, se sont alors retirées dans un camp situé au village de Kanamma (Etat de Yobe), rebaptisé « Afghanistan ». Le groupe alors composé de 200 personnes fut, de ce fait, affublé du surnom des « talibans nigérians ». C’est ainsi qu’ont commencé les attaques dans cette région, ayant pour première cible, les agents de l’ordre dans le but de dérober des armements. Ensuite, les activités de Boko Haram se sont développées à Maiduguri (capitale de Borno) et près des frontières avec le Cameroun, le Niger et le Tchad jusqu’à être sévèrement réprimées en 2009, causant la mort de 800 personnes. En vain.
Après une pause vraisemblablement stratégique, Boko Haram a repris ses activités en 2010, se permettant même de quitter leur bastion du Nord majoritairement musulman pour perpétrer des attaques au Sud chrétien. Ainsi, en juin dernier, une voiture piégée explosait devant le QG de la police à Abuja et, vendredi, c’était le tour du bureau des agences onusiennes. Pire, d’après des experts en terrorisme, Boko Haram a beaucoup évolué dans sa manière d’opérer, ce qui soutient l’hypothèse que la secte nigériane a établi des contacts avec Al Qaïda et, plus particulièrement, sa branche maghrébine. Alors que des condamnations fusent de partout dans le monde (Ban Ki-Moon, Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Union Africaine, etc), le président nigérian Goodluck Jonathan, tout en ordonnant le renforcement de la sécurité à Abuja, a promis des représailles.