Françafrique : La bombe Bourgi

Dans le dernier Journal du Dimanche, l’avocat franco-libanais Robert Bourgi a accusé l’ancien Président français Jacques Chirac et son ex-Premier ministre Dominique de Villepin d’avoir perçu de financements occultes provenant de plusieurs chefs d’Etat africains. Vu l’importance de cette révélation, les réactions n’ont pas tardé à fuser de partout.

On croyait que la commémoration des attentats du 11 septembre allait dominer tout l’espace médiatique français dimanche mais Robert Bourgi en a décidé autrement. Celui qui appelle Jacques Foccart, le géniteur de la Françafrique, « mon maître », réputé plutôt taciturne, vient de dévoiler « le côté obscur » de la Françafrique auquel il souhaite « mettre fin ». En clair, M. Bourgi a affirmé avoir personnellement collecté, entre 1997 et 2005, des fonds destinés à l’Elysée auprès de 5 présidents africains. Il s’agissait du burkinabé Blaise Compaoré, de l’équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, de l’ivoirien Laurent Gbagbo, du congolais Denis Sassou Nguesso et du gabonais Omar Bongo Ondimba. Quant aux montants, les deux premiers auraient respectivement décaissé 3 millions d’euros et 1,5 million d’euros tandis que l’actuel président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, déjà en poste sous Gbagbo, a affirmé que l’ex chef d’Etat avait envoyé à Jacques Chirac 2 milliards de FCFA (3 millions d’euros). Plus globalement, Me Bourgi a estimé, lundi matin sur Europe 1, avoir remis « 20 millions de dollars » en une décennie (1995-2005) à Chirac et de Villepin.

Comme cela va de soi, les réactions des principaux incriminés ne se sont pas faites attendre. Alors que, du côté africain, c’est la tendance aux démentis, M. Chirac a immédiatement porté plainte pour diffamation tandis que M. de Villepin a signalé qu’il le fera dans pas longtemps. Le Parti Socialiste, quant à lui, a exigé l’ouverture d’une enquête. Bien que M. Bourgi clame « agir en son nom personnel », la possibilité que ce soit une manœuvre de Nicolas Sarkozy est  envisagée par beaucoup d’analystes, surtout dans la perspective des présidentielles et du fait que les deux hommes entretiendraient des rapports officieux.