Maroc : quel est le poids réel des islamistes ?

Depuis quelques jours, les observateurs de la vie politique marocaine se posent de plus en plus la question du poids réel des islamistes du PJD lors des élections législatives devant se dérouler Novembre prochain. En effet, après avoir constaté la montée en puissance d’Annahda en Tunisie, le Royaume Chérifien connaîtra-t-il, lui aussi, une « vague verte » ? Plusieurs institutions internationales semblent  convaincues du contraire et affirment que le Parti de la Justice et du Développement (PJD) , serait en réalité très largement surévalué, du fait de la conjonction de plusieurs éléments exogènes. Ainsi, pour le Think Tank européen Institut Thomas More et « Tendances Institut », le Maroc pourrait connaître une réédition du scénario de 2007, où le PJD devait ravir 80 sièges au parlement (sur 325), mais ne finit par en avoir que 46 . Les raisons de ce « bis repetita » potentiel se trouveraient dans la nature même du système marocain, où le Roi est considéré par ses sujets comme Amir – Al Muminnin » (commandeur des croyant), et assume donc, de ce fait, le rôle de guide et d’arbitre pour toutes les questions religieuses. En second lieu, pour l’institut américain Hudson Institute, et son analyste star Richard Miniter, le PJD pourrait carrément se retrouver en quatrième position lors des prochaines élections,  laissant la place à un triumvirat constitué du Rassemblement National des Indépendants (RNI, dirigé par l’actuel ministre des finances), le Parti de l’Istiqlal (PI, dirigé par l’actuel premier ministre Abbas El Fassi), et le Parti Authenticité et Modernité de Fouad Ali El Himma, l’homme de confiance du roi Mohammed VI.

Si ce quarté de tête venait à se confirmer, l’inconnue essentielle réside dans le  positionnement qu’adopterait l’actuel parti au pouvoir, l’Istiqlal, et s’il serait prêt à s’allier avec les islamistes pour basculer dans l’opposition. A ce jour, la question du poids des islamistes dans l’opinion ne semble en effet pas être tranchée et plusieurs acteurs politiques veulent se donner le temps de voir venir avant de se déterminer de manière définitive.