Egypte : Un grand Dilemme pour les Frères musulmans

Les Frères musulmans du Parti de la liberté et de la justice, grands vainqueurs des législatives égyptiennes avec près de 50% des sièges de l’Assemblée du peuple, auront après leur prise de pouvoir dans quelques mois la lourde décision de satisfaire soit les aspirations des militaires à la tête du pays actuellement, soit celles des révolutionnaires ; et les deux, malheureusement pour les islamistes, ne s’accordant pas.
Pour les militaires, la priorité doit être accordée à la sauvegarde de leur empire industriel bâti depuis les accords de camps David entre le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin en 1978 ainsi qu’au maintien du secret le plus total sur le budget de la Défense. Par contre, les révolutionnaires égyptiens tiennent mordicus à la rupture des usages du temps du régime Moubarak et réclament une réforme en vue d’une plus grande transparence du complexe militaro-industriel égyptien. La situation du Parti de la liberté et de la justice est rendue encore plus périlleuse du fait du pouvoir de nuisance dont peuvent faire preuve chacun des deux camps.
Les révolutionnaires ont été capables de mettre un terme aux trente ans de règne de Mohamed Hosni Moubarak alors que les militaires ont démontré l’impact qu’ils pouvaient avoir après les tensions apparues avec les Etats-Unis suite à leur gestion de l’affaire du financement des ONG.
Les Frères musulmans se retrouvent donc entre le marteau et l’enclume. Devant ce chois cornélien qui leur est imposé, la situation économique, marquée par un déficit budgétaire à 10% du PIB, l’effondrement des réserves en devises de 36 à 16 milliards de dollars et la chute de 30% des revenus du tourisme, devrait se révéler un facteur clé.