Afrique – France : Les dessous de l’aide au développement

Les chiffres sur les engagements de l’Agence Française de Développement (AFD) au cours de l’année 2010 ont été révélés jeudi dernier. L’institution française a, de nouveau, marqué un pas de géant dans l’accomplissement de ses attributions : de 6,2 milliards d’euros (8,8 millions de dollars américains) décaissés en 2009, elle est passée à 6,8 milliards d’euros (9,65 milliards de dollars américains) l’année dernière. De cette aide, l’Afrique se taille la part du lion avec 2,9 milliards d’euros (4,1 milliards de dollars) qui  lui sont consacrés. Un montant inégalement réparti au sein même du continent noir puisque le Sud du Sahara a bénéficié de 2,1 milliards d’euros (2,98 milliards de dollars) tandis que l’Afrique du Nord s’est contentée du reste (800 millions d’euros – 1,1 milliard de dollars). Néanmoins, ces deux zones sont indubitablement prioritaires pour l’AFD. Celle-ci compte d’ailleurs concentrer l’effort budgétaire dans ces régions à hauteur de 60 % pour l’Afrique Noire et 20 % pour le Maghreb, conformément à sa politique d’allier ses interventions aux réalités de la région géographique bénéficiaire.

Logiquement, la croissance que connaissent les actions de l’AFD devrait être une preuve incontestable de la générosité de l’Hexagone. Mais, celle-ci a été sérieusement remise en question dans un récent rapport de l’ONG ONE publié lundi. Le document mentionne que la France n’a atteint que « 45 % du total des engagements de hausse attendus » dans le cadre de l’aide au développement. En outre, le total de celle-ci est gonflé par 2,5 milliards d’euros (3,5 milliards de dollars) de prêts selon le même rapport, s’appuyant sur des statistiques de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE). Bien que cela soit autorisé, le rapport estime que c’est « un moyen pratique de faire de l’aide publique à faible coût ». Après de telles dénonciations, la question de la sincérité de l’AFD dans la poursuite de ses objectifs ne peut que se poser. Ce qui est sûr, c’est que l’image des multiples engagements français dans le monde en prendra un sérieux coup.