Allemagne : Et après la sortie du nucléaire ?

Il ne restait plus qu’un seul préalable majeur à l’acceptation du projet de la loi et celui-ci a été finalement réuni. Ayant obtenu, samedi dernier, l’avis favorable des Verts, et, un peu plus tôt, ceux des chrétiens-démocrates (CDU) ainsi que des sociaux-démocrates, donc, en tout, les partis les plus importants en Bavière, la sortie allemande du nucléaire, prévue pour 2022, sera indubitablement entérinée le jeudi 30 juin prochain par le Parlement National. Une politique qui, en cas de succès, assiéra encore plus la domination économique de l’Allemagne en Europe. Alors que les actuels 22 % d’électricité émanant du nucléaire devront être annulés d’ici une décennie, le renouvelable devra largement le remplacer, en assurant alors 35 % de la consommation énergétique allemande à la même date. Un virage dans lequel nul n’oserait s’engager sans une sérieuse  préparation. Ce qui n’est pas le cas du pays d’Angela Merkel, lequel s’intéresse aux énergies vertes depuis plus d’un quart-de-siècle. Cette précocité lui a permis, en deux décennies, de quintupler la part du renouvelable au sein de son territoire, passant de 3,1 % en 1990 à 17 % en 2010. En parallèle, l’Allemagne s’est installée dans les sommets de la technologie liée à ces nouvelles sources énergétiques : aujourd’hui, l’Allemagne produit près du quart de l’énergie électrique mondiale provenant des éoliennes, constitue le principal marché des panneaux photovoltaïques et regorge de grands groupes dans le commerce du secteur des énergies renouvelables. Parmi ceux-ci figurent, entre autres, SolarWorld et Q-cells en ce qui concerne le solaire et Enercon ou Siemens Windpower dans l’éolien. Une fois le nucléaire totalement fermé, ces atouts allemands prendront plus d’ampleur. Surtout que certains industriels sont prêts à mettre la main dans la poche afin de soutenir cette réforme verte, notamment, en finançant, par exemple, les 5 milliards d’euros (7 milliards de dollars) que nécessitera la production d’énergie éolienne offshore. Si ce pari réussit, l’Allemagne exercera certainement une forte influence sur le reste de l’Europe. C’est pourquoi, certains analystes estiment que cette politique aurait dû faire l’objet d’une discussion continentale.

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Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise