« Révolution in Rojava », un ouvrage d’enquête militante rédigé conjointement par Ercan Ayboga et Michael Knapp, révèle au monde un modèle de société, émancipateur, égalitaire, multiconfessionnel, et très démocratiquement, tout à l’opposé de l’Etat islamique, qui prend progressivement racine dans la région de Rojava, au nord de la Syrie.
Ce modèle est né en 2011, aux premières du conflit armé qui déchire depuis le pays. Chassant, relativement pacifiquement les soldats du régime en poste dans la région, les forces combattantes d’autodéfense kurdes, qui se voulaient neutres, se sont adjugé un territoire sur lequel le mouvement kurde a pu mettre en place, malgré la guerre civile, un projet démocratique qui réunit Kurdes, Arabes et Yézidis. La vie politique, basée sur les assemblées des conseils, est complexe et dynamique à la fois. Les différents niveaux de conseils, de rue, de quartier, de la ville, … envoient des représentants dans les structures du niveau supérieur, jusqu’au conseil populaire de Rojava. A ces différents niveaux, les communautés s’organisent en commissions pour la sécurité, l’économie, la justice, … qui forment comme des ministères au niveau de la région. Les conseils sont toujours doubles, avec un conseil mixte dotée d’une règle de parité, un quota de 40% au moins pour chaque genre, et le principe d’une double élection, élue, avec une femme et un homme, et un conseil de femmes qui a droit de veto.
Parallèlement aux conseils, un parlement a été institué. Il réunit les représentants de membres de partis et des sièges sont réservés à des organisations de la société civile, associations de défense des droits de l’homme, de la communauté yézidie, … Mais la guerre empêche pour le moment la tenue d’élections au niveau de toute la région pour désigner par le vote les membres de ce Parlement. Ce projet novateur est toutefois menacé par les attaques de l’Etat islamique, notamment, mais également par les difficultés économiques liées à la guerre et à l’embargo turc.
