Lafarge mise en examen pour complicité dans des crimes contre l’humanité en Syrie

La justice française a décidé ce jeudi, de poursuivre pour complicité dans des crimes contre l’humanité, la société Lafarge, leader mondial des matériaux de construction, suspectée d’avoir financé l’Etat islamique via son usine en Syrie.

La multinationale est aussi soumise à un contrôle judiciaire comprenant une caution de 30 millions d’euros.

Lafarge est accusée d’avoir financé plusieurs groupes armés en Syrie, dont l’Etat islamique, dans le but de maintenir son activité dans ce pays en guerre.

Les trois premiers chefs d’accusation retenus par les magistrats, à savoir « violation d’un embargo », « financement d’une entreprise terroriste » et « mise en danger de la vie d’autrui » étaient certes attendus, mais celui de « complicité de crimes contre l’humanité » a sonné comme un coup de tonnerre.

Cette procédure judiciaire est une première pour une société et fait encourir la dissolution à Lafarge en tant que personne morale. Ses avocats, estimant que cette mise en examen ne reflète pas équitablement les responsabilités du cimentier, ont annoncé leur intention de faire appel.

L’information judiciaire contre Lafarge avait été ouverte en juin 2017 suite à une plainte de l’Organisation Non Gouvernementale Sherpa qui avait rédigé en mai une note juridique pour que soit retenue la « complicité de crimes contre l’humanité ».

Lafarge a mis en place un système de versement d’argent aux groupes armés, dont l’Etat islamique et le Front al-Nosra, groupe affilié à Al-Qaïda en 2012 pour continuer à faire couler son ciment dans le nord de la Syrie et franchir les check-points.

Le groupe a également intégré dans ses prix de vente la taxe prélevée à ses clients par le groupe terroriste et a acheté des matières premières à des fournisseurs liés à l’Etat islamique et dans des carrières contrôlées par l’organisation terroriste.

Sherpa salue la mise en examen de Lafarge comme un pas décisif dans la lutte contre l’impunité des multinationales opérant dans des zones de conflit.