Ankara et Washington ont effectué hier dimanche leur première patrouille conjointe dans le nord-est de la Syrie, dans un secteur qui doit devenir à terme une « zone de sécurité » en vertu d’un accord entre les deux pays. L’initiative a naturellement été fortement désapprouvée par le gouvernement syrien.
Dans la matinée, six véhicules blindés turcs ont traversé la frontière pour rejoindre en Syrie autant de véhicules américains. Un photographe de l’AFP a rapporté que les véhicules turcs et américains, suivis d’une ambulance et d’un pick-up, se sont enfoncés un peu en Syrie avant de se diriger vers l’Ouest. La patrouille a pris fin à la mi-journée, avec le retour en Turquie des troupes turques.
Cette patrouille conjointe est la première réalisée par Ankara et Washington selon les termes d’un accord conclu entre les deux parties le 7 août. Cet accord prévoit la mise en place d’une zone tampon entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par les Unités de protection du peuple (YPG).
L’un des objectifs de la « zone de sécurité » pour Ankara est de pouvoir y renvoyer certains des plus de 3.6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie, alors que les combats à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où vivent environ trois millions d’habitants, font craindre un nouvel afflux de migrants.
Mais le pouvoir de Bachar al-Assad, qui a réussi à reprendre le contrôle de plus de 60% du territoire syrien depuis 2015 avec l’aide cruciale de l’allié russe, considère l’accord américano-turc comme une « agression flagrante » contre sa souveraineté et a pour objectif de se redéployer dans les zones contrôlées par les Kurdes.
La milice des YPG est également un vif sujet de discorde entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant alliés au sein de l’Otan. Cette milice kurde constitue la principale force de frappe des FDS (Forces démocratiques syriennes), grandes alliées des Etats-Unis dans leur lutte sur le terrain contre l’Etat islamique.
Or, les YPG sont considérées par Ankara comme une extension en Syrie du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation considérée comme terroriste par la Turquie, mais aussi pat l’Union européenne et les Etats-Unis. La Turquie a lancé deux opérations transfrontalières contre les YPG depuis 2016 et menacé à de nombreuses d’en lancer une nouvelle.
Poster un Commentaire