Sénégal : la lutte contre le VIH fragilisée par l’arrêt d’une partie des financements américains

Au Sénégal, la suspension soudaine d’une partie du financement américain en janvier a fortement ralenti les programmes de prévention du VIH. En première ligne, les relais communautaires — indispensables pour atteindre les populations les plus exposées dans un contexte de forte stigmatisation — ont été particulièrement touchés.

Dans un pays où l’homosexualité reste criminalisée, ces médiateurs constituent un maillon essentiel de la chaîne de prévention. « Sans eux, une grande partie des publics vulnérables va se cacher, par peur du rejet ou de représailles », alerte Papa Abdoulaye Deme, coordinateur Afrique de Coalition Plus, qui travaille avec neuf associations partenaires au Sénégal.

Le Renapoc, l’un des principaux réseaux nationaux de lutte contre le VIH, a déjà dû se séparer d’une dizaine de médiateurs. Parmi eux, Al Hassane Ba, aujourd’hui vice-président d’Aides Sénégal, s’inquiète pour la survie même des structures associatives : « Sans financements, nous ne pouvons plus payer les locaux ni assurer les services de base. »

Les coupes ont également des conséquences directes sur la prise en charge médicale. « Le bilan initial pour toute personne dépistée positive est désormais payant », poursuit-il. Si les traitements antirétroviraux restent gratuits à Dakar, les stocks diminuent, suscitant de vives inquiétudes dans une région où l’accès aux soins devient de plus en plus inégal.

Autre phénomène préoccupant : l’arrivée croissante de patients venant de pays voisins déjà frappés par des ruptures de financement. « Ils affluent vers nos centres à Dakar en quête de traitements », confirme Papa Abdoulaye Deme.

Au total, plus de 500 emplois ont été supprimés dans les réseaux de Coalition Plus en Afrique. Selon Onusida, l’absence de mesures correctrices pourrait entraîner 6,3 millions de décès supplémentaires dans le monde d’ici 2029.

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