Libye : le mystère de la disparition d’un opposant à Kadhafi éclairci

Les libyens vont enterrer ce lundi Mansour al-Kikhia, un farouche opposant au Colonel Kadhafi, dont le corps a été retrouvé hier dans une villa des services de renseignement de l’ancien régime 19 ans après sa mystérieuse disparition au Caire en 1993.

Selon les déclarations du frère du disparu Mahmoud, ce sont des révélations d’Abdallah al-Senoussi, le chef des Renseignements du Colonel Kadhafi actuellement détenu par les nouvelles autorités qui auraient permis de retrouver la dépouille de l’opposant. Celle-ci était conservée dans une morgue aménagée dans une villa des services. Ces déclarations confirment les rumeurs de l’époque selon lesquelles le régime du Colonel était derrière cet enlèvement sans qu’aucune preuve n’ait jamais pu être trouvée. Mansour al-Kikhia est né en 1932 à Benghazi. Il a démarré sa carrière politique sous la monarchie libyenne en étant ambassadeur à Paris puis à Alger avant de représenter la Libye aux Nations unies  en 1965. Après son arrivée au pouvoir en 1967, le Colonel Kadhafi avait récupéré ce précieux collaborateur pour en faire son ministre des Affaires étrangères en 1972. Mais celui-ci lui tournait le dos huit ans plus tard pour devenir l’un de ses plus farouches opposants. Il a notamment été le fondateur de la Ligue libyenne des droits de l’homme. Et c’est justement en tant que représentant de cette organisation dans une réunion au Caire le 10 décembre 1993 qu’il avait été enlevé à une période où Mouammar Kadhafi avait lancé une campagne de liquidation de plusieurs de ses opposants dans des pays arabes et occidentaux.

Toute la lumière n’est pas encore faite sur la disparition de l’ancien opposant et un nouveau rapport médico-légal doit être établi pour déterminer les causes de son décès. Même s’il semble être décédé des suites de la maladie dont il souffrait déjà avant son enlèvement, Mansour al-KiKhia aurait été détenu quatre ans avant sa mort et des traces de torture ont été retrouvées sur son corps.