Embourbé dans des guerres successives sans fin depuis plus de 30 ans, l’Afghanistan a été de nouveau enflammé par l’autodafé d’un exemplaire du coran fin mars. L’acte provocateur du pasteur américain Terry Jones, a exacerbé la colère des afghans contre les Occidentaux, provoquant un déchaînement de violences qui ont fait 24 morts et plus de 140 blessés en une semaine.
Le premier avril, des manifestants surchauffés se sont attaqués au siège local des Nations unies dans la ville de Mazari-Sharif, tuant sept employés étrangers de l’ONU. Dix autres ont été tués le lendemain à Kandahar, fief des talibans dans le sud du pays. Au Pakistan voisin, l’indignation suscitée par l’acte aigri du pasteur extrémiste américain n’est pas moindre. Dans une vaine tentative de calmer les foules, le président de la conférence des évêques pakistanais a même dû appeler le gouvernement américain à « placer le pasteur en détention ». Loin de retomber, les violences ont redoublé depuis. Le jeudi 7 avril, des kamikazes et des hommes armés ont attaqué le quartier général de la police de Kandahar, faisant au moins six morts. Même si les autorités afghanes ne font pas de lien direct entre cette dernière attaque et la destruction de l’exemplaire du coran, l’ombre de l’autodafé organisé par l’intégriste chrétien, le 20 mars en Floride, est présente. Son acte que beaucoup ont qualifié d’insensé apporte, en tout cas, de l’eau au moulin des Taliban qui n’en demandaient pas tant. Un argument supplémentaire qui permet aux mollahs de monter les foules contre les troupes de l’Otan, alors qu celles-ci ont la plus grande peine à marquer des points décisifs contre les talibans et Al Qaïda.
Personne ne peut se prononcer sur les conséquences qui découleront de l’acte inconsidéré du pasteur Terry Jones, mais d’ores et déjà deux principaux acteurs en redoutent les effets désastreux. Ainsi, le général américain David Petraeus, commandant des forces internationales en Afghanistan, s’est-il empressé de critiquer l’initiative du pasteur en la qualifiant de « haïssable ». De sont côté, le président afghan Hamid Karzaï a lui aussi qualifié l’acte du religieux extrémiste américain de « crime contre la religion ».
En tout cas, les actes de profanation des symboles de l’islam continueront à enflammer d’autres foules musulmanes qui y voient une agression de l’Occident contre leur culture et leur religion. Les cas de Salman Rushdie et des caricatures danoises en sont de parfaites illustrations.
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