Les députés espagnols semblent sur le point de voter en faveur de l’amnistie controversée des indépendantistes catalans lors de la première lecture d’un projet de loi prévue mardi. Cette mesure, condition sine qua non imposée par les partis séparatistes en échange de leur soutien à la reconduction du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, suscite toutefois une vive opposition.
L’amnistie vise à annuler les poursuites engagées contre des centaines de militants et dirigeants indépendantistes impliqués dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, l’un des moments les plus critiques de l’histoire politique espagnole. Si adoptée, elle permettrait notamment au président catalan Carles Puigdemont, en exil en Belgique depuis plus de six ans, de revenir en Espagne.
La première lecture du projet de loi devrait recevoir le soutien d’une majorité de 178 députés sur 350, comprenant les socialistes, l’extrême gauche en coalition avec eux, ainsi que des partis catalans et basques. Cependant, malgré cette approbation anticipée, plusieurs obstacles subsistent avant la pleine mise en œuvre de cette mesure.
Le principal parti d’opposition, le Parti Populaire (PP), a exprimé sa détermination à ralentir l’examen du texte au Sénat, où il détient la majorité absolue. Ayant déjà modifié le règlement de la chambre haute, le PP exigera des avis et des rapports sur le texte avant de le modifier, obligeant ainsi un nouveau vote des députés.
La mesure d’amnistie, fortement critiquée par une partie de la magistrature, est également confrontée à des enquêtes judiciaires en cours, qui pourraient compromettre son application complète. Une enquête sur des liens présumés entre Carles Puigdemont et la Russie, ainsi que des poursuites potentielles pour « trahison », pourraient ne pas être couvertes par l’amnistie. Une autre enquête autour de l’organisation « Tsunami Démocratique » ouverte pour des accusations de « terrorisme » ajoute une complexité supplémentaire à cette situation déjà délicate.
Les socialistes ont dû négocier avec les indépendantistes pour inclure un amendement couvrant également les personnes accusées de « terrorisme », sous réserve que les faits ne constituent pas une « violation grave des droits de la personne humaine ». La controverse persistante souligne les tensions persistantes dans la société espagnole autour de cette question délicate.
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