La  France de Nicolas Sarkozy se trouve en ce début de 2011 dans une  posture militaire délicate en Afrique. Avec ses troupes engagées aussi  bien dans le conflit ivoirien que libyen, les observateurs  du dossier  se demandent  si le président Sarkozy n’est pas allé un peu vite en  besogne en ouvrant deux fronts aussi imprévisibles, et si cette nouvelle  posture stratégique ne risque pas de se traduire par un enlisement peu  souhaitable en cette année pré-électorale. Les élections  présidentielles, c’est précisément ce que semble avoir en ligne de mire  le chef de l’état français, qui cherche à se reconstruire une image en  affichant sa fermeté face à des régimes dictatoriaux, pourtant autrefois  considérés comme des clients incontournables pour l’industrie  française. Or, dans l’hexagone tout le monde sait qu’aucun soldat  français ne veut mourir pour Abidjan ou Tripoli, et les images des  cercueils  des soldats français rapatriés risquent fort d’altérer le peu  de popularité qui reste au Président. En cette journée du lundi 11  avril, Sarkozy et son staff ont néanmoins eu droit à une petite  consolation puisqu’un des deux tyrans vient de tomber, même si l’avenir  en Cote d’Ivoire demeure incertain. Le président sortant de Côte  d’Ivoire Laurent Gbagbo qui tenait par la force le poste de son  successeur démocratiquement élu, Alassane Ouattara, a fini par lâcher  prise. Il a été capturé en compagnie de son épouse Simone, de son fils  Michel et de plusieurs proches, dans sa résidence de Cocody, au centre  d’Abidjan. Nonobstant les circonstances et les véritables auteurs de  l’arrestation du président déchu, toute la question maintenant est de  savoir comment vont évoluer les choses dans les semaines et les mois à  venir. Y’aura-t-il une guerre civile qui risque de déchirer davantage le  pays, où la chute du clan Gbagbo va-t-elle faciliter l’apaisement ? Un  pronostic difficile à effectuer.
Chez Kadhafi  les choses ne se présentent pas de la même manière, comme l’auraient  souhaité les hommes de l’Elysée. Même le commandement de l’Otan s’est  résigné à conclure que l’option militaire n’était pas la bonne solution  pour faire basculer le cours des événements en faveur de la rébellion.  Pourtant, personne ne souhaite le maintien au pouvoir du dictateur  Kadhafi. Les américains l’ont vite compris et ont tiré en douceur leur  épingle du front libyen. Les Français et leurs alliés de l’Otan  auront-ils la potion magique pour faire tomber le clan Kadhafi, peu de  gens y croient. Mais ce qui est sûr c’est que les canons ne sont prêts  pour se taire ni aujourd’hui ni demain, à moins que les soldats de  l’Otan et en tête les troupes françaises n’y mettent le paquet et   s’engagent dans une vraie guerre au sol. Avec leur force de frappe et  l’appui des forces rebelles, les loyalistes de Kadhafi finiront bien par  abdiquer. Dans tous les cas, l’image de marque des démocraties  occidentales risque d’en payer le prix fort.
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