Libye : HRW accuse l’Etat Islamique d’une quarantaine d’exécutions

Selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), le groupe Etat Islamique (EI) est responsable d’un minimum de 49 assassinats à Syrte, son fief sur le territoire libyen. Les personnes exécutées ont été décapitées ou fusillées pour crimes présumés de blasphème, sorcellerie et espionnage, indique la même source.

 
HRW a effectué des entretiens avec 45 habitants ayant fui la ville de Syrte pour trouver refuge à Misrata, située à 240 km à l’ouest, et a recueilli d’autres données par téléphone ou e-mail. Cette ONG indique, dans son rapport, que « les habitants de Syrte évoquent des scènes d’horreur – de décapitations publiques, de dépouilles dans des uniformes orange suspendues à des échafaudages comme ‘crucifiées’ et d’hommes arrachés dans leurs lits par des combattants masqués en pleine nuit ». Ces témoins ont également relaté que « la police de la moralité, aidée par des informateurs, patrouille les rues, menaçant, punissant et fouettant les hommes qui fument, qui écoutent de la musique ou dont les épouses ou sœurs ne portent pas l’abaya (longue robe ample et flottante) noire ».
 
A en croire HRW, les 49 exécutions effectuées à Syrte étaient précédées de procédures quasi-totalement secrètes, violant les standards internationaux fondamentaux en matière d’équité des procès. L’organisation humanitaire a estimé que « le meurtre de civils, de blessés ou de combattants en détention, par les membres d’une partie prenante d’un conflit est un crime de guerre, tout comme l’exécution de personnes sans procès équitable devant un tribunal ordinaire ». Et d’ajouter que « la nature et ampleur des exécutions extrajudiciaires et autres actes pratiqués par l’EI en Libye pourraient également constituer des crimes contre l’humanité».
 
En outre, s’appuyant sur les affirmations d’élus locaux en exil et de membres de groupes armés rivaux à l’EI, HRW a rapporté que les djihadistes ont « enlevé et fait disparaître des dizaines de miliciens libyens, dont beaucoup pourraient être morts ». Ils ont également pillé et détruit les domiciles de ceux qu’ils qualifient d’ennemis et fait fermer des boutiques proposant de la lingerie ou des vêtements occidentaux.