Syrie : offensive turque aux lourdes conséquences contre les forces kurdes

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé hier mercredi le lancement d’une offensive dans le nord-est de la Syrie, région sous contrôle des forces kurdes, une opération militaire qui déjà a provoqué un tollé international.

Des régions syriennes frontalières de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras Al-Aïn, ont été bombardées par l’aviation et l’artillerie turques.

L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a annoncé que l’offensive a fait quinze morts, dont huit civils et que des « milliers de déplacés » fuyaient les zones bombardées.

Dans la soirée, l’offensive terrestre a été lancée en direction de la ville de Tal Abyad, contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG). Le ministère turc de la Défense a fait savoir que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont pénétré dans le nord-est de la Syrie.

De leur côté, les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes des YPG, ont affirmé avoir «repoussé» l’offensive turque sur la frontière nord de la Syrie.

Pour la Turquie, l’objectif est d’éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des YPG et de créer une «zone de sécurité» destinée à séparer la frontière turque des positions kurdes et accueillir des réfugiés.

La communauté internationale, qui avait multiplié les mises en gardes à l’adresse d’Ankara, contre une offensive militaire en Syrie, a unanimement condamnée l’action turque. Elle craint un chaos susceptible d’ouvrir la voie à un retour en force de l’Etat islamique, en plus de l’incertitude sur le sort des djihadistes prisonniers des YPG.

Au Congrès américain, le sénateur républicain Lindsey Graham et son collègue démocrate Chris Van Hollen ont dévoilé une proposition visant à sanctionner sévèrement Ankara si l’armée turque et ses supplétifs ne se retirent pas du territoire syrien.

Cette proposition contient des mesures fortes à savoir le gel des avoirs aux Etats-Unis des plus hauts dirigeants turcs, y compris du président Erdogan, des restrictions à l’octroi de visas américains, un embargo sur les ventes d’armes américaines et étrangères à Ankara, des mesures punitives contre le secteur énergétique turc, ainsi qu’une mise en œuvre sans délai des sanctions liées à l’achat des missiles russes S-400.