Après avoir bombardé des positions des djihadistes de l’Etat islamique en Syrie, les intentions de la Turquie se sont obscurcies après des bombardements de rebelles kurdes en Irak. Ces frappes ont été menées en représailles à l’attentat de Suruç qui a fait 32 tués et une centaine de blessés le 20 juillet dernier et à des assassinats de policiers revendiqués par le PKK.
Depuis vendredi, l’armée turque a mené plusieurs raids aériens contres des objectifs de l’Etat islamique en Syrie. Mais presque simultanément à son entrée en guerre contre l’organisation sunnite radicale, Ankara a également procédé au bombardement des bases-arrières des rebelles du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) dans le nord de l’Irak. Dimanche soir, les F-16 turcs ont mené de nouvelles frappes tandis que le Premier ministre Ahmet Davutoglu annonçait à la télévision la poursuite des opérations jusqu’à un « certain résultat ». Une opération policière de grande ampleur a, dans le même temps, abouti à l’arrestation de plus de 900 personnes depuis vendredi, des militants présumés de l’Etat islamique mais aussi du PKK et de l’extrême gauche pro-kurde.
La situation se complexifie dans la région. Officiellement, les frappes turques ont démarré en représailles à deux attentats distincts qui ont frappé la Turquie la semaine dernière. Mais les avis sur les intentions réelles de la Turquie divergent. Certains observateurs s’accordent sur le fait que la balance des opérations lancées par Ankara depuis vendredi penche davantage du côté du PKK, ce qui suggérerait une certaine continuité d’Ankara, dont la principale crainte est la formation d’un Etat kurde, dans sa position. D’autres pensent même que cette situation triangulaire est orchestrée par les djihadistes eux-mêmes qui souhaiteraient raviver le conflit entre les Kurdes et les Turcs, pour prendre le dessus sur les Kurdes dans le nord de la Syrie et de l’Irak. Avec les frappes d’Ankara, la trêve observée avec les rebelles kurdes depuis 2013 a fini de voler en éclats.
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