Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi l’Egypte de «violer le droit international» dans le Sinaï en détruisant «des milliers d’habitations» et cultures, expulsant de force plus de 3.000 familles pour établir une zone-tampon à sa frontière avec la bande de Gaza palestinienne.
«L’armée a rasé des milliers d’habitations de manière arbitraire, détruisant des quartiers entiers et des centaines d’hectares de terres agricoles», déplore l’organisation internationale basée à New York. Dans son rapport, HRW évoque «environ 3.200 familles expulsées de force» et estime que l’Egypte «pourrait avoir violé le droit de la guerre».
L’objectif de cette zone-tampon –qui s’étend sur 79 km2– est de détruire les centaines de tunnels creusés depuis Gaza et qui, selon le Caire, sont utilisés par des activistes palestiniens pour fournir des armes aux mouvements jihadistes du Sinaï.
De son côté, Israël considère ces tunnels comme le principal outil des mouvements islamistes Hamas, qui contrôle Gaza, pour se fournir en armes et contourner le blocus très strict que les Israéliens imposent depuis 2006 au petit territoire palestinien.
Les groupes jihadistes égyptiens ont multiplié les attentats contre les forces de l’ordre dans le nord du Sinaï depuis que l’armée a destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi en juillet 2013.
Le chef de l’armée d’alors, Abdel Fattah al-Sissi, a été élu chef de l’Etat en mai 2014, et le nouveau pouvoir mène une sanglante répression contre les pro-Morsi et toute forme d’opposition « Entre juillet 2013 et août 2015, les autorités ont démoli au moins 3.255 bâtiments résidentiels, commerciaux et administratifs », selon le rapport de HRW, basé sur le témoignage de 11 familles expulsées, de journalistes et d’activistes dans le Sinaï, ainsi que sur des images satellitaires des destructions.
Les autorités «n’ont pas prévenu les résidents expulsés, ou très peu de temps à l’avance, ne leur ont pas fourni de logements temporaires et ont compensé financièrement de manière très insuffisante la destruction de leurs maisons», accuse HRW.HRW souligne que le Caire «n’a pas présenté de preuves selon lesquelles les insurgés reçoivent un soutien militaire de Gaza».
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