« Je suis soulagée, j’ai toujours fait confiance à la justice française », pouvait lancer Agathe Habyarimana. L’ancienne première dame du Rwanda a accueilli avec ce sentiment la décision de la Cour d’appel de Paris, mercredi dernier, de rejeter la demande d’extradition formulée par le Rwanda, qui la poursuit pour « génocide, assassinats, crime contre l’humanité et extermination ».
En octobre 2009, les autorités judiciaires du pays aux mille collines avaient émis un mandat d’arrêt international contre la veuve de Juvenal Habyarimana, laquelle vit en France depuis plus de dix ans. Documents à l’appui, elles l’ont accusée d’avoir pris part aux préparatifs du génocide rwandais de 1994, en sa qualité de membre influent du régime hutu de l’époque. Ainsi, elle aurait participé à la formation et à la direction des Interhamwe, la milice au cœur du massacre de 800 000 rwandais à majorité tutsi. Pour des raisons d’enquête, Mme Habyarimana avait été arrêtée et entendue en mars 2010 par la justice française, puis relâchée. S’appuyant sur des motifs juridiques dont, notamment, la prescription et l’absence d’imputation de faits précis à la suspecte par les autorités rwandaises, les magistrats français ont décidé de repousser la demande d’extradition.
Cette affaire risque d’éloigner à nouveau Paris et Kigali, pourtant, plus que jamais avancés sur le chemin de la normalisation diplomatique. D’autant plus que chacune des parties essaye de tirer la couverture de son côté : le Rwanda a l’habitude d’accuser la France, ancienne alliée du régime d’Habyarimana, de protéger des génocidaires, tandis que l’Hexagone persiste, à son tour, dans une enquête sur l’attentat contre feu l’ex-président rwandais, événement déclencheur de la tuerie, qui impliquerait, selon ses conclusions, plusieurs proches à l’actuel chef d’Etat rwandais, Paul Kagame. Quant à Agathe Habyarimana, elle n’est pas au bout de ses peines avec la justice française : résidant à l’Essonne, elle attend toujours la décision du tribunal administratif de Versailles, où elle a déposé un recours suite au rejet de sa demande de titre de séjour en France.
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