Golfe persique : vers un dialogue irano-saoudien

Les déclarations concordant vers un dialogue entre la République islamique d’Iran et le Royaume wahhabite d’Arabie saoudite se multiplient alors que les tensions exacerbées ces derniers mois entre les deux pays présageaient plutôt une guerre ouverte.
Dans son discours à l’ONU, le président iranien Hassan Rohani a proposé une « coalition de l’espoir » et « une initiative de la paix d’Ormuz » avec tous les pays riverains, en incitant Riyad à constater que son voisin historique et futur est l’Iran et non pas les lointains Etats-Unis.
Jusqu’ici très discrète, la Chine, principal client du pétrole et du gaz du golfe Persique, a complété l’initiative iranienne en proposant d’y associer, outre la Chine, le Japon, l’Inde, la Russie et l’Europe, préfigurant ainsi un accord de sécurité régionale dirigé par les pays asiatiques, les nouveaux émergents, excluant les Etats-Unis qui ne sont plus crédibles.
Et quelques jours après sa visite en Arabie saoudite, le Premier ministre irakien Adel Abdel-Mehdi a déclaré que l’Iran et l’Arabie saoudite étaient prêts à négocier. Sous son impulsion, lui qui a entamé une médiation entre les deux nations, Iran et Arabie saoudite pourraient vite se rencontrer autour d’une table afin de discuter des récents événements, mais aussi et surtout, se mettre d’accord sur les façons d’agir afin d’empêcher une nouvelle escalade inutile dans la région, et pourquoi pas parvenir à un accord sur la guerre au Yémen.
Enfin, le président du parlement iranien Ali Larijani a déclaré dans une interview exclusive avec Al-Jazeera diffusée mardi que Téhéran était ouvert à l’idée d’engager un dialogue avec l’Arabie saoudite pour résoudre bon nombre de problèmes de sécurité et politiques de la région.
Cette déclaration intervient quelques jours après que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ait déclaré à CBS qu’il préférait une résolution pacifique avec l’Iran pour le règlement des conflits de sécurité régionaux par rapport à un conflit militaire,.
Le déclencheur de ce virage pour le moins inattendu semble en être paradoxalement l’attaque des sites pétroliers saoudiens le 14 septembre dernier par des drones et missiles de croisière dont l’origine est discutée, mais qui servent la politique iranienne.
Cette attaque a marqué l’impuissance des grandes puissances à régler les problèmes régionaux, notamment l’échec de la tentative de médiation française entre l’Iran et les Etats-Unis, l’échec de la politique américaine de « pressions maximales » contre l’Iran, et mis en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices pour les deux camps et l’ensemble de la région en cas d’un conflit ouvert entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

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Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise