Le Premier ministre indien Narendra Modi a lancé hier mercredi le chantier d’un temple hindou controversé. Ce geste politico-religieux marque une nouvelle avancée du nationaliste hindou dans ce pays de 1.3 milliard d’habitants.
Le site, lieu le plus contesté de l’histoire moderne indienne, est emblématique des tensions intercommunautaires. Pendant près de 500 ans, une mosquée se trouvait au même endroit. Des groupes hindous affirment que cette terre de 1.1 hectare est le lieu de naissance du dieu Ram et demandaient de longue date à y construire un temple en son honneur.
D’après eux, l’empereur musulman Babur y a bâti au XVIe siècle la mosquée Babri en rasant un temple ancien dédié à Ram, septième avatar du dieu préservateur de l’univers Vishnou. Des extrémistes hindous ont illégalement rasé la mosquée le 6 décembre 1992, provoquant des émeutes sanglantes en milieu rural qui avaient provoqué la mort de plus de 2 000 personnes.
Le dossier du temple d’Ayodhya a été tranché en novembre dernier par la Cour suprême. Les juges ont octroyé ce site disputé à la majorité hindoue pour y construire un temple, et ordonné qu’un nouveau terrain plus loin soit donné à la minorité musulmane.
Le nouveau temple, qui s’ajoutera aux 7 000 que compte déjà la ville, sera construit en grès rouge et atteindra 161 pieds à son point le plus élevé. La construction devrait être achevée en 2023, l’année précédant les prochaines élections nationales en Inde.
Avec l’érection d’un temple dédié au dieu Ram dans la ville d’Ayodhya, dans le grand Etat d’Uttar Pradesh dans le Nord du pays, et le changement de statut du Cachemire, le Premier ministre envoie deux signaux forts de la construction d’une patrie hindoue en Inde, s’éloignant davantage de la nation laïque et multiconfessionnelle pensée à l’indépendance en 1947.
Le lancement de la construction du temple coïncide avec celle du premier annniversaire de la révocation de force de l’autonomie du Cachemire indien, région à majorité musulmane disputée avec le Pakistan, une autre ancienne promesse des nationalistes hindous que Narendra Modi a amenés au pouvoir à New Delhi en 2014.
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