La justice peut elle juger le président en exercice ? C’est un fait rare mais en Egypte, la cour correctionnelle d’Ismaïlia a demandé au parquet de mener une instruction sur l’évasion du président Mohamed Morsi survenue en janvier 2011. En effet, selon la cour, cette évasion est l’acte des frères musulmans appuyés par des groupes extrémistes de la région, qui ont d’ailleurs usé de la force pour libérer les prisonniers, a ajouté la cour. L’opposition pourra se prévaloir de cette décision pour demander le départ de Morsi à l’approche de son anniversaire au pouvoir.
La décision de la cour correctionnelle est historique, elle constitue une épée de Damoclès dans le camp des Frères musulmans, une formation politique dont est issu le président Morsi. Celui-ci a toujours reçu le soutien de cette confrérie. En effet, celle-ci n’a cessé de clamer fort que leur leader n’a jamais été en prison et donc ne s’est pas évadé au début de la révolution contre le président Moubarak. Par ailleurs, l’évasion constitue une infraction pénale sanctionnée par la privation de l’exercice des droits civiques et politiques à l’encontre de celui qui l’a commise. Pour l’opposition, Mohamed Morsi n’avait donc pas le droit de se présenter aux élections présidentielles, puisqu’il n’a pas été gracié par le Conseil suprême des forces armées, contrairement à d’autres islamistes. Ce jugement profitera à l’opposition qui va s’en servir pour appuyer son appel à la tenue d’élections présidentielles anticipées. Un jugement que les frères musulmans ont essayé de retarder par tous les artifices juridiques au-delà du 30 juin, jour d’anniversaire de l’accession au pouvoir par Mohammed Morsi.
La décision de la cour d’Ismaïlia a été accueillie avec joie dans le rang des militants de l’opposition au pouvoir des Frères musulmans. Une campagne intitulée Tamarod (rébellion) qui revendique 15 millions de signatures a été initiée par l’oppisition. Celle-ci appelle à manifester le 30 juin, premier anniversaire de l’investiture de M. Morsi pour réclamer son départ. Les manifestations auront lieu devant le palais présidentiel au Caire.
Poster un Commentaire