
L’histoire contemporaine de l’Angola demeure profondément marquée par des silences et des manipulations. L’un des cas les plus flagrants de cette falsification est le sort tragique de Viriato da Cruz, fondateur du MPLA, relégué à l’oubli, trahi par ses compagnons et mort humilié en Chine. Architecte du nationalisme angolais, il fut pourtant effacé au profit d’un mythe imposé : Agostinho Neto, figure sacralisée par le régime.
Le MPLA a systématiquement marginalisé Viriato, tandis qu’un culte de la personnalité s’est consolidé autour de Neto. Celui-ci, pourtant, porta une lourde responsabilité dans la radicalisation du mouvement et dans l’instauration, dès l’indépendance, d’un État autoritaire, violent et intolérant, inspiré des pires modèles du totalitarisme. Le massacre du 27 mai 1977, où furent exterminés des centaines de militants — dont de simples civils — illustre cette dérive sanglante.
Neto, mus par un narcissisme politique démesuré, élimina ou fit persécuter d’anciens camarades, interdisant toute opposition interne dès les débuts du MPLA. Sa soif absolue de pouvoir l’érigea en chef incontestable, au-dessus de toute critique. Ce culte du « sauveur » continue d’empoisonner la mémoire nationale, empêchant toute lecture honnête du passé.
Réhabiliter Viriato da Cruz, c’est briser le monopole mémoriel du MPLA, et rendre à l’histoire angolaise sa complexité, trop longtemps étouffée par une propagande hagiographique. Il y va d’un devoir de vérité, au service de la conscience collective du peuple angolais.
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