Irak : les déplacés sunnites porteur de suspicions

Mideast Iraq Islamic StateFace à l’avancée des éléments du groupe Etat Islamique (EI) à Ramadi, des milliers de sunnites ont fui dans l’espoir de se réfugier à Bagdad. Mais, au niveau de la capitale irakienne, qui est majoritairement chiite, ils ont été refoulés car soupçonnés de constituer un vivier djihadiste.

Depuis le 17 mai, l’organisation de l’EI a pris le contrôle de Ramadi. Mais, bien avant cette date, la menace djihadiste avait d’ores et déjà entraîné, selon un rapport rendu public le 21 avril dernier par le Haut-commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR), la fuite de 114 000 des habitants de cette localité vers Bagdad. Et, une fois que les rebelles se sont emparés du chef-lieu de la province d’Al-Anbar, d’autres de ses habitants ont fait de même. Un exode qui a été interprété par la presse proche des autorités irakiennes et certains responsables comme une tentative d’infiltration des insurgés sunnites dans l’objectif de prendre le contrôle de Bagdad. Ainsi, ces réfugiés intérieurs ont été astreints à des procédures complexes avant d’être autorisés à entrer dans la capitale irakienne. A titre d’exemple, certains ont dû être parrainés en vue de fouler le sol bagdadien. Aref Al-Dulaimi vit cette suspicion : « à un point de contrôle sur la route de Bagdad, on nous a accusés de complicité avec Daech (le groupe EI). Mais c’est Daech que nous avons fui pour échapper à une mort certaine », a-t-il témoigné.

De son côté, le porte-parole du ministère irakien de l’Intérieur, Saad Maan, a émis un avis contraire sur la gestion de ce flux de réfugiés internes : « le ministère a tout mis en œuvre pour accueillir le plus grand nombre de déplacés, sans négliger pour autant les impératifs de sécurité à Bagdad. On a beaucoup exagéré cette affaire de parrainage », a-t-il estimé. Toutefois, cette autorité n’a pas démenti certaines procédures abusives. Cela a valu des critiques à l’endroit du gouvernement irakien et, en particulier, aux chiites et leur manière de traiter les sunnites.