L’Etat islamique divise les tribus sunnites en Syrie et en Irak

tribus-eiLes analystes ont relevé de profondes divisions entre les tribus sunnites en Syrie et en Irak face au groupe de l’Etat islamique. Les djihadistes sont parvenus à mettre à mal la légendaire solidarité tribale dans la région et les affrontements entre clans d’une même tribu sont devenus de plus en plus fréquents.

L’Etat islamique a compris l’importance dans la région de gagner les tribus dans le but de s’assurer le contrôle d’un territoire et, de gré ou de force, les chefs tribaux sont de plus en plus nombreux à leur prêter allégeance. Le bénéfice économique et la protection, la peur et l’intimidation, et les griefs contre les pouvoirs en place, voilà les trois raisons au ralliement des chefs tribaux à l’Etat islamique. En Syrie, les chefs tribaux ont vu les avantages tels que les « postes officiels et les subsides » qui leur étaient attribués en échange de leur engagement à combattre les Frères musulmans et les autonomistes kurdes diminuer au fil du temps. De même en Irak, de nombreux chefs tribaux ont été profondément frustrés après l’invasion du pays par les Etats-Unis en 2003, qui a abouti au renversement de l’ancien dictateur Saddam Hussein. Les anciens militaires issus des tribus favorisées par Saddam se sont retrouvés écartés, désignés comme ennemis, privés de statut, de salaire et de rang social. Pourtant, de l’époque de l’ancien dictateur, les tribus sunnites formaient la clé de voûte de l’appareil sécuritaire du pays. En Syrie, la quinzaine de tribus représentent 15% de la population.

Mais de nombreuses tribus et clans continuent de résister à l’Etat islamique et en paient parfois le prix fort. La tribu des Chaitat a ainsi vu 900 de ses membres massacrés par les djihadistes. La tribu des Jughaifa également a refusé de livrer 150 personnes que l’Etat islamique considérait comme des ennemis, un refus qui a été perçu par les djihadistes comme une déclaration de guerre. Leur fief dans la province d’Al-Anbar est assiégé et menacé d’extermination. Aucun clan ni tribu n’a pour le moment fait allégeance dans sa totalité à l’Etat islamique.

A propos de Fitzpatrick Georges 1537 Articles
Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise