Des documents internes à l’entreprise, analysés par « Le Monde », montrent comment, entre 2014 et 2016, le ministre de l’économie Emmanuel Macron, l’actuel président de la France, a œuvré en coulisse pour la société de VTC, qui tentait d’imposer une dérégulation du marché et affrontait l’hostilité du gouvernement.
L’enquête « Uber Files » révèle que le groupe américain a sciemment joué avec les limites de la loi et cherché à utiliser la violence à son profit pour s’imposer par le fait accompli dans les métropoles du monde entier.
Dans leur volonté de briser le monopole des taxis, les dirigeants et salariés d’Uber ont sciemment violé la loi et semé le désordre dans de nombreux pays, en espérant s’imposer par le fait accompli.
Un échange symbolise l’état d’esprit inculqué par le fondateur et PDG, Travis Kalanick, à son entreprise.
Travis Kalanick appelle à la riposte dans un échange de SMS internes : « Désobéissance civile. 15 000 chauffeurs. 50 000 passagers. Une marche pacifique ou un sit-in. » A un lobbyiste qui l’alerte sur la présence de casseurs d’extrême droite au sein des cortèges des taxis les jours précédents, le dirigeant rétorque : « Si nous avons 50 000 passagers, ils ne pourront rien faire. Je pense que le jeu en vaut la chandelle. La violence garantit le succès. »
La société de VTC Uber aurait sollicité l’aide d’anciens ambassadeurs en Israël et aux États-Unis et fait pression sur le Premier ministre de l’époque, Benyamin Netanyahou, pour intégrer le marché israélien, selon une enquête en cours du ministère des Transports.
L’entreprise a également rédigé sa propre proposition de loi pour la soumettre à l’approbation de la Knesset dans le cadre de ses efforts pour opérer librement dans le pays, selon une série de documents divulgués, appelés The Uber Files, obtenus par le journal britannique The Guardian et partagés avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Les documents expliquent comment l’entreprise est parvenue jusqu’à Benyamin Netanyahou, qui a promis de « briser la résistance » du ministre des Transports de l’époque, Israel Katz. Eli Groner, qui était à l’époque le directeur général du cabinet du Premier ministre, a aidé l’entreprise à adapter son message au public israélien et aux médias locaux.
Les documents en question ont été communiqués à 180 journalistes de 44 médias du monde entier, dont le Washington Post, Le Monde, la BBC et l’organisation israélienne Shomrim, et détaillent les opérations du géant du covoiturage dans le monde entier.
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