Mozambique : les djihadistes défient l’État à la porte des projets gaziers

À Mocímboa da Praia, le cœur stratégique du Cabo Delgado, le spectre djihadiste ressurgit. Le 7 septembre, des insurgés liés à l’État islamique ont tué au moins quatre personnes — dont deux civils décapités — dans une attaque menée à seulement 80 km du méga-site gazier de TotalEnergies.

Ce n’est pas un simple raid : c’est un message. Mocímboa da Praia n’est pas une ville comme les autres. Occupée par les djihadistes en 2020, reconquise en 2021 par l’armée mozambicaine appuyée par le Rwanda, elle reste l’épicentre d’une guérilla qui, depuis huit ans, a fait plus de 6 000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Chaque offensive rappelle que, malgré les victoires militaires, le contrôle de la région reste précaire.

L’enjeu dépasse la sécurité locale. Avec 20 milliards de dollars investis par TotalEnergies et un projet concurrent d’ExxonMobil attendu en 2026, le Cabo Delgado est devenu un pivot énergétique mondial. Pour Maputo, ces ressources sont synonymes de prospérité et de stabilité budgétaire. Pour les insurgés, elles constituent une cible idéale : fragiliser l’État en frappant au plus près de ses promesses économiques.

L’attaque intervient à la veille de la relance du projet de TotalEnergies, suspendu depuis l’assaut sanglant de Palma en 2021. Elle met en lumière un paradoxe cruel : l’espoir d’une manne gazière coexiste avec la crainte permanente d’un sabotage ou d’un massacre.

Sur le terrain, les populations restent les premières victimes. Chaque attaque s’accompagne de vagues de déplacés, de villages vidés et d’un climat de terreur. Le Cabo Delgado incarne ainsi une équation explosive : insécurité persistante, enjeux géopolitiques autour du gaz, et crise humanitaire profonde.

Tant que l’État mozambicain ne transformera pas les gains attendus du gaz en stabilité sociale et sécurité réelle, les djihadistes garderont l’initiative.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*