
À cinq semaines de la présidentielle du 25 octobre 2025, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), conduit par Tidjane Thiam, a reçu à Abidjan une délégation onusienne dirigée par Leonardo Santos Simão, représentant spécial du secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Cette rencontre a mis en lumière les tensions croissantes autour d’un scrutin qui s’annonce décisif non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour la stabilité régionale.
Le PDCI a dénoncé une dégradation du climat politique depuis avril dernier, fustigeant l’absence de dialogue inclusif entre le pouvoir et l’opposition. Selon lui, l’exclusion des principaux candidats de l’opposition – Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan – par le Conseil constitutionnel fragilise la crédibilité du processus électoral. Cette stratégie, perçue comme une instrumentalisation des institutions, pourrait renforcer les clivages politiques et attiser les frustrations sociales.
Le parti évoque également une atmosphère d’intimidations, d’arrestations arbitraires et de pressions contre ses cadres, signe d’une volonté de verrouiller la compétition. La perspective d’un quatrième mandat d’Alassane Ouattara, déjà controversé pour avoir brigué un troisième en 2020, nourrit les inquiétudes d’une résurgence de violences, comme celles qui avaient fait une centaine de morts il y a cinq ans.
Au-delà du cas ivoirien, les tensions actuelles illustrent les fragilités structurelles des démocraties ouest-africaines, où la manipulation des constitutions et l’exclusion des opposants deviennent des pratiques récurrentes. Si le scrutin d’octobre dérapait, il pourrait rallumer des foyers d’instabilité dans une région déjà fragilisée par les crises sécuritaires au Sahel et les transitions politiques fragiles en Guinée, au Mali ou au Burkina Faso.
En plaçant ce scrutin sous haute surveillance, l’ONU mesure les risques d’un effet domino : une Côte d’Ivoire instable pourrait rapidement contaminer l’ensemble du Golfe de Guinée.
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