Le ministre de l’agriculture marocain Aziz Akhannouch a un challenge à relever : convaincre le parlement européen du bien fondé de la libéralisation des échanges des produits agricoles et de la pêche entre le Maroc et l’UE.
Depuis la signature de l’accord en décembre dernier, Aziz Akhannouch enchaine les actions de clarification en direction du parlement européen. Au programme : rencontres et échanges intensifs avec les eurodéputés des commissions Agricole et Inta, chargées d’élaborer leur rapport avant la ratification de l’accord par le parlement. L’échange de vues prévu ce mercredi 13 juillet, entre la commission Inta et le ministre de l’agriculture marocain devrait permettre au Maroc de défendre sa position, après que la commission agricole ait voté en défaveur de l’accord à 24 voix contre 14. En soi, l’avis de la commission agricole n’a guère surpris car c’est la commission qui reflète le plus les lobbies agricoles européens. Celle-ci est de fait, très liée aux producteurs qui refusent l’accord agricole avec le Royaume malgré son aspect équilibré et peu menaçant pour la production européenne. L’avis décisif sera bien entendu celui de la commission Inta, en charge de recadrer la politique commerciale globale de l’UE.
Au vu d’un contexte régional difficile, l’accord prend toute son importance. Celui-ci est sans conteste une forme d’encouragement adressé à un pays jugé aux avant-postes de la réforme dans le monde arabe. La conclusion de cet accord aura une valeur symbolique pour un pays qui fournit sans relâche des efforts pour dynamiser son développement. D’autant plus, qu’en matière agricole, le Maroc a clairement démontré sa volonté de s’inscrire dans une dynamique de progrès agricole. Laquelle est un impératif à la lutte contre l’immigration clandestine.
De plus, la libéralisation des échanges entre le Maroc et l’UE, s’inscrit davantage dans une logique de complémentarité que dans une logique de concurrence. En effet, l’accord est équilibré, favorable à la fois aux exportations de produits manufacturés au Maroc, et réciproquement favorable à l’exportation de produits frais vers l’Europe.
Cependant, l’influence exercée par certains lobbies dans les rangs des eurodéputés n’est pas exempte de conséquences. Cela s’est notamment traduit par un retard pris dans la conclusion de l’accord.
Les craintes exprimées par l’Espagne dans leur majeure partie se sont révélées infondées. . Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne tournent plutôt à l’avantage du second. L’Espagne étant le deuxième partenaire commercial du Maroc. Les oppositions les plus virulentes ont été exprimées à l’encontre notamment des exportations de tomates marocaines et les arguments même les plus irréalistes étaient avancés. De la perte de compétitivité pour les produits espagnols sur le marché européen à la concurrence déloyale de prix en passant par les mauvaises conditions phytosanitaires des tomates marocaines, la surenchère est de mise. Certains experts du monde agricole se demandent s’il ne serait pas plus judicieux pour l’Espagne, et surtout plus constructif, de remettre en cause son système de production, qui ne semble plus être en phase avec les réalités économiques d’aujourd’hui. En effet, les craintes ibères apparaissent d’autant plus inutiles, que l’accord est conçu de manière à préserver la production européenne de la concurrence. De surcroit, la conclusion de l’accord implique au contraire la mise en place de règles clairement définies et équitables pour tous, évitant ainsi la survenance de certains conflits, comme ceux liés aux exportations de tomates marocaines… des tomates dont le quota supplémentaire accordé au Maroc représente moins de 2% du marché européen de la tomate. Parfois, la paille est dans l’œil du voisin…
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