L’ombre de l’Irak plane sur la Syrie

syria« La communauté américaine du renseignement conclut, avec différents degrés de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle en Syrie ». Cette déclaration du secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, Abou Dhabi jeudi est la première accusation officielle d’utilisation de ce types d’armes en Syrie, ce qui met encore plus la pression sur le régime de Bachar al-Assad.

Le constat américain est appuyé par une déclaration ce matin du Premier ministre britannique David Cameron. Après l’expérience irakienne, l’administration Obama tient toutefois à faire preuve de la plus grande prudence. Avoir précisé « différents degrés de certitude » signifie que toutes les agences de renseignement américaines ne sont pas du même avis. La porte-parole du NSC (Conseil de Sécurité Nationale) a révélé que le constat d’utilisation de ces armes a été tiré d’analyses de prélèvements sur des personnes. Si l’exposition au sarin, puissant neurotoxique, est avérée, la manière dont l’exposition de ces personnes a pu se faire ne l’est pas. La chaîne de transmission de ces échantillons du prélèvement à leurs analyses doit également être clarifiée.

Les nombreuses mises en garde internationales, notamment celles du président américain Barack Obama, laissent supposer que l’usage confirmé d’armes chimiques pourrait servir deraison à une intervention étrangère dans le pays. Le Premier ministre britannique s’est dit opposé à une intervention de troupes sur le terrain, alors que des hauts responsables américains estiment évident que, si l’information était avérée, toutes les options seraient sur la table.

La déclaration de Chuck Hagel a eu un fort écho au Congrès américain où plusieurs élus attendent depuis longtemps un durcissement de la position américaine contre Bachar al-Assad. Ces accusations américaines et britanniques permettent à Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l’ONU qui les prend très au sérieux, de relancer le gouvernement syrien pour qu’il autorise une équipe onusienne à enquêter sur le terrain.