En durcissant sa loi sur l’asile, la Suisse affaiblit sa tradition humanitaire

UDC-suisse-moutons-noirs[1]En suisse, la loi sur l’asile contestée et soumise au référendum vient d’être approuvée à l’écrasante majorité. Ceux qui s’y étaient opposés sont déçus mais n’y peuvent rien. Désormais, le droit d’asile coûtera cher aux requérants. La Suisse, pays d’accueil d’une multitude, opte pour la sauvegarde de son économie au détriment de l’humanitaire.

Ce dimanche 9 juin, le durcissement de la loi sur l’asile a été voté par 79% des Suisses. Cette loi, entrée en vigueur à l’automne dernier, a révolté la gauche et les Eglises marquées par l’esprit humaniste. La contestation était si décisive qu’un comité réunissant les opposants à la loi, « Stop exclusion », a dû solliciter un référendum. Les urnes viennent de confirmer la volonté de la majorité des citoyens. A l’annonce des résultats, la droite s’est réjouie de la victoire brillante au moment où la gauche est complètement déçue et regrette les conséquences fâcheuses pour les demandeurs d’asile et les réfugiés.

Le comité « Stop exclusion » dénonce ces résultats et n’est pas prêt à jeter l’éponge. Pour Anne Seydoux-Christie, députée PDC (centre), ce résultat traduit un affaiblissement humanitaire de la tradition humanitaire suisse et un manque de solidarité envers les pays en crise. Céline Amaudruz, députée UDC (droite populiste), se réjouit de ces résultats, affirmant que 90% des demandeurs d’asile en Suisse le font pour « des raisons économiques ». La loi apporte deux changements majeurs. D’une part, la suppression de la désertion comme motif de demande d’asile. Cette mesure touchera surtout les Erythréens. Par ailleurs, la possibilité de demander l’asile dans une ambassade suisse à l’étranger est écartée. D’autre part, le regroupement familial des demandeurs d’asile sera limité aux conjoints et aux enfants. En outre, seront créés des centres pour requérants « récalcitrants » qui troublent l’ordre public suisse.

Pour limiter le nombre élevé de possibilités de recours, le traitement des dossiers ne durera plus des années mais quelques mois. Rappelons que la Suisse est jusqu’ici une terre reconnue d’accueil des réfugiés. Elle accueille actuellement 4 à 5 fois plus de réfugiés que la France, l’Allemagne ou l’Italie.