Le conflit syrien risque de balkaniser la région

syrie-interview-marius-deeb-globalpost-sunnite-chiite-alaouite-freedomhouse2Le NewYork Times vient de publier une étude des services de renseignement américains, dont les résultats sont partagés par de nombreux analystes de la région, sur une éventuelle partition de cinq des plus grands Etats du Proche-Orient. Le détonateur de cette partition serait la crise syrienne.

Le Moyen-Orient tire son architecture actuelle des accords secrets de Sykes-Picot signés en 1916 entre les Français et le Britanniques qui se partagèrent ainsi la région à l’issue de la Première guerre mondiale. Mais les tensions ethniques et confessionnelles n’ont jamais disparu et le conflit en Syrie rend plausible l’hypothèse qu’elles se muent en balkanisation. L’étude publiée par le New York Times suggère que 15 entités étatiques pourraient émerger de l’Arabie saoudite, de la Libye, de l’Irak, de la Syrie et du Yémen actuels.

Mais de tous ces pays, c’est l’Irak qui semble le plus exposé et suscite  le plus d’inquiétude. La violence terroriste, principalement entre sunnites et chiites, y a été multiplié par trois depuis 2012. La majorité des réfugiés syriens en Irak sont kurdes et se sont presque naturellement refugiés au Kurdistan qui voit se rapprocher ses rêves d’indépendance.

L’instauration d’un régime sunnite à Damas fait craindre aux dirigeants de Bagdad un soulèvement des sunnites du pays qu’ils marginalisent. Al-Qaïda en Irak a déjà  bénéficié en puissance. Bien implantés dans les villes de l’ouest du pays, ses djihadistes vont jusqu’à, et en toute impunité, y prélever un « impôt révolutionnaire » auprès des notables et des commerçants.

Une tendance se fait jour dans la branche « dure » de l’entourage du Premier ministre irakien pour prévenir ce soulèvement. Il s’agit de pousser les sunnites irakiens à quitter le pays. C’est dans ce but que des milices chiites, soutenues par certaines autorités, s’acharneraient sur les sunnites en se livrant à des actes d’harcèlement, d’intimidations ainsi qu’à des assassinats de leurs principaux leaders.