Les révolutions nord-africaines inspirent la BAD

Les 9 et 10 juin derniers, lors des assemblées générales de la BAD (Banque Africaine de Développement) à Lisbonne, son président Donald Kaberuka a annoncé que la stratégie que son institution comptait adopter dans les prochains mois, des nouvelles mesures pour la période 2012-2016 , qui la sortiraient de l’unique enjeu économique.

Les mouvements de contestation en Afrique du Nord qui ont abouti aux renversements des présidents tunisien et égyptien ont fait réaliser aux décisionnaires de l’institution panafricaine que derrière les chiffres de croissance du PIB, le volume des investissements étrangers et la balance commerciale se cache souvent une misère sociale. La Tunisie en est une parfaite illustration. Avant le 14 juillet, elle était citée en exemple de développement avec une croissance moyenne de 5% par an depuis 2000, une gestion qui rendait le budget de l’Etat conforme aux critères de Maastricht et un déficit sous la barre des 3% du PIB. Et pourtant la corruption était très forte et le taux de chômage des jeunes diplômés était passé de 1% à 30% entre 2000 et 2010. Dans sa nouvelle stratégie, la BAD, qui se base sur les données des gouvernants africains pour ses actions, devrait multiplier ses sources d’informations. Des contacts seront établis dans ce sens avec les chefs d’entreprises et d’organisations patronales, les syndicats, les ONG ou encore l’opposition politique.

Cette nouvelle politique est déjà en phase test en Afrique du Nord. La BAD a accordé 500 millions de dollars à la Tunisie en début juin après avoir fixé les priorités avec les autorités, mais également avec les entrepreneurs et la société civile. Cette somme devrait servir à la lutte contre le chômage et les déséquilibres économiques. Une aide similaire d’environ 1.5 milliard de dollars sur les mêmes bases est prévue pour l’Egypte d’ici un an à un an et demi.

A propos de Fitzpatrick Georges 1537 Articles
Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise