Le printemps arabe fait-il peur à Tel-Aviv ?

Israël dans la tourmente face à un monde arabe en ébullition. Le défi majeur pour les gouvernants de Tel-Aviv est la sécurité. La peur de l’inconnu est devenue ces trois derniers mois, une véritable obsession chez les dirigeants militaires, sécuritaires et civils israéliens. Ces derniers sont prêts à payer le prix fort pour connaitre les futurs dirigeants arabes.Un grand débat a été organisé à Paris, sur les changements en cours dans le monde arabe, par la «European Jewish Union». La rencontre a réuni des parlementaires de la Knesset, des politologues et 200 universitaires d’Israël et d’autres pays. Les interventions se sont focalisées sur les inquiétudes d’Israël à la lumière des soulèvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il en ressort que ce qui inquiète le plus Israël, ce n’est pas la chute d’anciens régimes autocratiques arabes, comme celui de l’égyptien Hosni Moubarak qui était leur grand allié dans la région, mais c’est surtout la montée éventuelle d’islamistes au pouvoir. Alors le défi de la sécurité reste entier pour Israël qui voit les vents de la révolte arabe souffler aussi sur ses voisins immédiats comme l’Egypte, la Syrie ou la Jordanie. Pour mieux anticiper sur le cours des événements, Israël a cru bon de restructurer tous ses services sécuritaires et de renseignements pour suivre à la loupe les changements politiques dans le monde arabe. Après la nomination début mars, du général de réserve Yaakov Amidror, ancien chef du département recherche du Renseignement militaire à la tête du Conseil national de sécurité, organe consultatif de stratégie sécuritaire, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a choisi vingt jours après, un nouveau patron pour le Shin Beth, l’agence de contre-espionnage israélienne. Il s’agit de Yoram Cohen, 51 ans, un homme du sérail, présenté comme étant « un professionnel » et un « homme de terrain ». Arabisant, il a servi à Jérusalem et en Cisjordanie durant la deuxième intifada palestinienne. Il est connu pour être l’un des protagonistes des « éliminations ciblées » contre les éléments islamistes du Hamas, du Djihad islamique et d’autres mouvements palestiniens et libanais. Le Shin Beth s’occupe de la sécurité intérieure de l’antiterroriste, mais également de surveillance et l’infiltration des milieux extrémistes israéliens de droite et de gauche. Les deux responsables sécuritaires devraient savoir adapter rapidement, leurs organismes à la nouvelle donne dans le monde arabe et son impact sur la sécurité d’Israël. L’Etat hébreu est désormais confronté à deux intifada, l’ancienne/actuelle palestinienne et la nouvelle et plus grande intifada arabe.