Les mesures de contrôle et de prévention adoptées par les gouvernements européens pour contrer le départ en Syrie et en Irak de milliers de candidats au djihad provoquent une grande controverse alors que leur efficacité est encore loin d’avoir été prouvée. En janvier, le Centre international pour l’étude de la radicalisation à Londres estimait que le nombre de personnes à avoir répondu à l’appel de l’Etat islamique avait passé la barre de 20 000 dont au moins un cinquième en provenance d’Europe occidentale.
Les autorités françaises viennent d’annoncer avoir confisqué 60 passeports. Les législateurs du pays ont adopté de nouvelles lois accordants de larges pouvoirs aux enquêteurs qui peuvent désormais placer des caméras dans des domiciles ou des programmes-espions dans des ordinateurs sans l’autorisation d’un juge. Les confiscations de cartes d’identité et de passeports ont également été adoptées en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark. Le parlement britannique a pour sa part adopté en février une loi pour interdire à des prêcheurs « extrémistes » de s’exprimer dans des universités. Masi ces mesures sont manifestement insuffisantes. L’ONU estime que le nombre de volontaires étrangers qui ont rejoint le « califat » proclamé par le groupe Etat islamique a augmenté de 71% au cours des dix derniers mois, un chiffre préoccupant même si la part des djihadistes en provenance d’Europe de l’ouest n’est pas précisé.
Mais de nombreux experts doutent de l’efficacité de ces mesures de contrôle. Des passeurs professionnels peuvent faire voyager des personnes qui le souhaitent sans passeport. Et l’emprisonnement, dans certains cas, est contre-productif étant donné qu’il est unanimement admis que l’un des principaux lieux de radicalisation est la prison. Beaucoup tirent également la sonnette d’alarme sur le danger d’une déviance des opérations de contrôle qui peuvent devenir disproportionnées et discriminatoires et sur le fait qu’avoir des idées extrémistes ne signifient pas forcément être un terroriste.
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