USA-Maroc: Dialogue stratégique dans un contexte d’instabilité régionale

Les relations déjà traditionnelles entre les Etats-Unis et le Maroc n’ont jamais été aussi fortes qu’aujourd’hui. Jeudi à Washington, les deux pays entament une nouvelle étape par un « Dialogue stratégique » qui semble être l’aboutissement de ce long partenariat. Les observateurs y voient aussi le signe que les Etats Unis soutiennent les réformes démocratiques au Maroc et considèrent le royaume chérifien comme un facteur de stabilisation dans une région tourmentée.
Voulu par les deux capitales, ce Dialogue stratégique est le fruit de 13 années de rapports étroits et constants, entrecoupés de dates importantes. En 2004, les Etats-Unis désignent le Maroc comme allié majeur hors OTAN. Deux années plus tard, c’est la signature de l’accord de libre échange bilatéral, l’unique du genre conclu par les Etats-Unis avec un pays africain. Cette dernière initiative américaine s’inscrivait dans le sillage du soutien apporté par Washington aux réformes menées au Maroc depuis l’intronisation du roi Mohammed VI en 1999. Si ce Dialogue stratégique apparaît aujourd’hui comme un moment fondateur, la relation maroco-américaine, elle, ne date pas d’aujourd’hui. En 1777 déjà, alors que les jeunes Etats Unis venaient à peine de déclarer leur indépendance, le royaume du Maroc était le premier pays à les reconnaître. Le traité d’amitié avec le Maroc, ratifié par le Sénat américain le 18 Juillet 1787, demeure le plus ancien traité conclu par les Etats-Unis avec une autre nation dans le monde. L’actuel président Barack Obama l’a solennellement rappelé, le 4 juin 2009, à l’Université du Caire. Dans une intervention à l’occasion de sa première visite en Egypte après son élection, le président américain déclara simplement : « C’est le Maroc qui fut le premier pays à reconnaître mon pays ». A présent, le Dialogue stratégique entre les deux pays devrait embrasser les domaines politique, économique, culturel et éducatif. Mais dans un premier temps, il sera vraisemblablement concentré sur le volet sécuritaire, compte tenu des risques de déstabilisation qui menacent tout le Sahel, l’Afrique du Nord et même au-delà.
Les Etats Unis sont parfaitement conscients du rôle stabilisateur que joue le Maroc dans cette zone déchirée par l’extrémisme et les rébellions. C’est pourquoi ils comptent sur leur coopération avec le royaume chérifien comme tête de pont dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et dans la région MENA. Une stratégie qui n’est pas étrangère au soutien apporté par Washington au plan marocain d’autonomie pour mettre fin au conflit régional sur le Sahara occidental. Parallèlement, Washington compte capitaliser sur le rôle économique actif du Maroc dans les pays subsahariens et du Sahel. L’objectif est de dynamiser une coopération triangulaire pour favoriser le développement de ces pays dans le cadre d’une stratégie diversifiée de lutte contre l’extrémisme et la stabilisation progressive de la région.

A propos de Fitzpatrick Georges 1537 Articles
Georges Fitzpatrick a été analyste financier, puis journaliste spécialisé dans les marchés émergents pendant plus de 20 ans, il a officié à Wall Street dans plusieurs banques d’affaires de la place New Yorkaise