Droits des femmes dans les ex-colonies portugaises : une égalité encore illusoire

Cinquante ans après les indépendances, les droits des femmes dans les anciennes colonies portugaises d’Afrique restent largement théoriques. C’est le constat dressé par trois chercheuses engagées dans l’étude des sociétés postcoloniales lusophones.

Au Mozambique, malgré un cadre légal jugé avancé, « beaucoup de promesses n’ont pas été tenues », affirme Teresa Cunha, chercheuse à l’École supérieure d’éducation de Coimbra. Présente depuis 2008 dans plusieurs régions du pays, elle observe que les conflits armés, notamment à Cabo Delgado, ont freiné l’accès des femmes aux droits inscrits dans la loi. « La violence s’intensifie, et les femmes en sont les principales victimes. »

Même son de cloche pour Isabel Maria Casimiro, sociologue à l’université Eduardo Mondlane de Maputo. Si les lois sur la famille ou les violences domestiques ont été modernisées, la majorité des femmes, surtout en zone rurale, restent marginalisées. « Beaucoup vivent dans la pauvreté, sans soutien, dans le secteur informel », déplore-t-elle.

Pour Catarina Caldeira Martins, professeure à l’université de Coimbra, la situation est similaire en Angola, Guinée-Bissau, São Tomé-et-Príncipe, Cap-Vert et Mozambique. « Les droits reproductifs ont été reconnus sur le papier, mais la réalité reste marquée par le patriarcat et des logiques néocoloniales. » Même le Cap-Vert, souvent cité en exemple, ne ferait pas exception.

Toutes appellent à « décoloniser les mentalités » pour que les acquis de l’indépendance profitent enfin à toutes les femmes.

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