La  hausse incessante des prix des produits alimentaires dans le monde  risque d’avoir des conséquences sociales incalculables dans de nombreux  pays pauvres, particulièrement en Afrique et en Asie. Les réformes de  gouvernance économique entreprises ces dernières années dans certains  pays risquent d’être balayées par la persistance de la hausse des prix  des produits de base.
La FAO ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers de cette tendance haussière. En février 2011, les prix mondiaux des produits alimentaires ont continué d’augmenter pour le huitième mois consécutif. Plusieurs causes sont à l’origine de cette crise alimentaire, la deuxième en moins d’une décennie après celle de 2007-08. Il y a d’abord les facteurs climatiques qui ont réduit la production dans des pays gros exportateurs. La sécheresse et les incendies de l’été 2010 en Russie, les inondations en Australie qui ont dévasté près de 20% des surfaces cultivables de canne à sucre et la moitié de la récolte de blé, ont lourdement pesé sur l’approvisionnement des marchés mondiaux. Une situation aggravée par les restrictions imposées par ces pays sur leurs exportations, mais aussi par la fièvre d’achats qui s’est emparée des Etats gros importateurs désireux de garnir leurs stocks. Résultat, entre janvier 2010 et janvier 2011, le prix du blé a doublé et celui des huiles, du lait et des graisses ont fortement augmenté.
L’autre  cause de l’augmentation vertigineuse des prix alimentaires est due à la  flambée des prix des matières premières utilisées dans la production  agricole. Les prix de l’énergie, des semences, des engrais, de  l’alimentation du bétail, ont tous augmenté substantiellement au cours  des dernières années. Enfin, la crise de l’énergie constitue aussi une  grave menace qui pèse sur la production alimentaire. De grandes sociétés  se tournent de plus en plus vers le maïs, le colza et d’autres denrées  alimentaires pour les transformer en carburant, contribuant de ce fait  au renchérissement des produits destinés à l’alimentation de milliards  d’humains. Au lieu de finir dans des ventres affamés, ces denrées  chèrement produites sont cyniquement détournées pour faire tourner les  moteurs de véhicules.
Devant  de telles dérives, les spécialistes préconisent de soustraire la  production agricole à la logique de l’économie de marché globalisée.  Pour eux, ce sont de petites entités structurées localement, surtout  dans les pays à faible développement qui sont les mieux indiquées pour  assurer une production et un approvisionnement socialement supportable.  Cela permettra d’éviter les graves dysfonctionnements actuels avec leurs  répercussions sociales imprévisibles.
Poster un Commentaire