L’après Malam Bacaï Sanha

Le chef d’Etat bissau-guinéen, Malam Bacaï Sanha, 64 ans, est décédé hier lundi 9 janvier au centre hospitalier du Val de Grâce à Paris. Une information d’abord révélée de source gouvernementale française avant que la présidence du pays ouest-africain ne la confirme. Le président de la Guinée-Bissau, hospitalisé en France juste avant la fête de Noël, s’est éteint suite à une maladie dont il souffrait depuis plusieurs années mais qui est toujours demeurée inconnue du grand public.
Ainsi, depuis son arrivée à la tête du pays en juillet 2009, il a été admis plusieurs fois dans le même hôpital français ou dans un autre à Dakar au Sénégal. N’ayant parlé ouvertement qu’une seule fois de ses problèmes de santé, Malam Bacaï Sanha déclarait qu’il s’agissait d’une « chute d’hémoglobine dans le sang », tout en se voulant rassurant par la suite : « il est vrai que je souffre aussi de diabète mais ce n’est pas si grave qu’on veut le faire croire ». Ces propos n’ont malheureusement pas eu d’effet du côté de l’opposition, qui exigeait un débat public sur son état de santé.
Avec la disparition de l’homme fort bissau-guinéen, la stabilité du petit Etat d’Afrique de l’Ouest suscite beaucoup d’interrogations. D’autant plus que ce pays est devenu, au fil des années, une véritable plaque tournante du trafic de drogue entre l’Amérique du Sud et l’Europe. En outre, depuis 2008, la Guinée-Bissau a connu six tentatives de coup d’Etat, dont la dernière a été avortée le 26 décembre dernier alors que Malam Bacaï Sanha était déjà dans le coma.
Suite à ce putsch manqué, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, chef de la marine bissau-guinéenne et tête pensante présumée du coup de force, a été mis aux arrêts en compagnie de plusieurs autres officiers. Le nom de ce haut-responsable militaire figure également sur la liste américaine des « trafiquants internationaux de drogue » depuis 2010.