Le ton se durci entre Paris et Kinshasa

Le chassé-croisé médiatique entre Kinshasa et Paris laisse présager une tension de fond qui pourrait monter à la surface. Lors de sa dernière conférence de presse aux côtés du secrétaire général des nations unies, le président français a remis en question la démocratie congolaise avec des termes durs et fermes. Il a qualifié la situation d’« inacceptable ».

La réaction de Kinshasa ne s’est pas fait attendre, le ministre congolais de l’information a tout de suite réagit dans la presse française en expliquant que monsieur Hollande devait être « mal informé » sur la situation de la RDC. Pour les observateurs, le durcissement du ton de Paris est une manœuvre politique. L’objectif serait de faire bonne figure face aux détracteurs du régime Kabila qui ont longtemps milité pour que la France ne se présente pas à Kinshasa. Les militants ont expliqué que la présence du président français cautionnerait la politique mené par le régime en place.

Cependant les enjeux pour la France restent grands, une absence remarquée au sommet de la francophonie pourrait fragiliser la position de l’hexagone en Afrique centrale, avec le Gabon et le Burundi qui marchent déjà sur les voies du Rwanda. Aussi, par cette période de crise, la France se doit de protéger ses intérêts économiques en République démocratique du Congo en considérant l’arrivé d’Areva, Bolloré, orange et total dans le paysage économique du pays.

Pour satisfaire aux deux tableaux le président français a donc décidé de se rendre à Kinshasa tout en tenant une position dure face aux autorités et en promettant de rencontrer l’opposition pour d’éventuels pistes de solution. Après le passage de son émissaire en RDC, Paris avait demandé expressément à Kinshasa d’assurer un procès équitable et transparent pour l’assassinat d’un militant des droits de l’homme et une réforme fondamentale de la commission électorale.

Cependant force est de constater qu’aujourd’hui encore ces demandes n’ont pas eu réel écho. Cet affront contraint le régime hollande à appliquer une politique d’autruche, au risque d’entamer sa crédibilité.