Afrique : Les ambitions de France Télécom mises à mal

Les Etats-Unis ou l’Europe n’étant plus aussi consommateurs que d’antan, bien de multinationales en quête de croissance tournent leurs regards vers des berceaux à pays en développement. Raison pour laquelle France Telecom a décidé d’investir l’Afrique depuis déjà deux ans. Hélas, dans l’impossibilité de prévoir tous les revirements politiques que le continent noir a connu depuis.

 Pourtant, l’Afrique avait tout ce que désirait Orange. Son milliard d’habitants, à majorité jeune et sous-équipé technologiquement, présentait toutes les caractéristiques pour assurer un avenir glorieux à l’opérateur français. Surtout, du fait que cette population pourrait doubler à l’horizon 2050 selon certaines prévisions. Mais, l’année 2011 a bouleversé les donnes. Premier imprévu, l’exil du président tunisien Ben Ali après des contestations populaires. Un sérieux handicap pour l’opérateur tricolore car Orange Tunisie, est détenue à 51 % par Marwan Mabrouk, le gendre de l’ancien chef d’Etat, et à 49 % par France Télécom. Par conséquent, la nouvelle administration tunisienne a mis la société sous séquestre dans l’attente des conclusions des investigations menées par la Commission des Confiscations, lesquelles pourraient aboutir à sa nationalisation.

 En parallèle des évènements tunisiens commençaient la crise postélectorale ivoirienne pour s’achever à la mi-avril avec la victoire des troupes d’Alassane Ouattara sur celles de Laurent Gbagbo. En 4 mois de conflit armé, France Telecom a vu beaucoup de ses infrastructures endommagées, dont des lieux de vente pillés et des câbles téléphoniques coupés. Scénario similaire dans une Egypte qui réclamait violemment le départ d’Hosny Moubarak, inspirée par les tunisiens. Résultat : 59 millions d’euros (80 millions de dollars américains) de perdu par les filiales Orange dans ces deux pays au premier semestre.

 Tout cela, c’est sans compter la baisse de 20 % du résultat semestriel de la Sonatel, un opérateur présent en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Mali et au Sénégal détenu à 42 % par France Télécom. Avec ce tableau, France Telecom aura du mal à doubler son chiffre d’affaire au sein des pays émergents africains et asiatiques d’ici 2015, de 3 à 7 milliards d’euros (4 à 9,5 milliards de dollars américains), comme il l’envisageait.