Irlande : le Sénat sur la sellette

EU Heads of State Summit, Brussels, Belgium - 24 Mar 2011Très prochainement, l’Irlande pourrait ne plus disposer de Sénat. En octobre, les Irlandais se prononceront à ce sujet par voie référendaire.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette institution n’a jamais été adulée en Irlande malgré ses 7 décennies d’histoire. Cette impopularité peut s’expliquer de plusieurs manières. D’abord, la majorité des sénateurs  – 43 sur 60 – sont élus par des structures professionnelles prestant dans divers domaines dont l’agriculture, l’industrie, l’éducation, etc. Le reste siège dans la Chambre haute après nomination du Premier ministre (pour 11 sénateurs) ou des lauréats de deux universités (6 sénateurs). Ce mode de désignation pour le moins original ne donne pas vraiment de poids au Sénat, qui n’influence pas tellement les décisions de l’Assemblée nationale. Pour preuve, il ne peut s’opposer à l’adoption d’une loi et se limite simplement à freiner ce processus.

Il n’est donc pas étonnant qu’au fil de son histoire, le Sénat ait souvent été l’objet de plusieurs rapports prônant sa réforme. La dernière tentative en date, qui a tout pour être la bonne, a été initiée par l’actuel Premier ministre, Enda Kenny : il souhaite réformer le système politique irlandais dans son intégralité de sorte à faire économiser les caisses de l’Etat. Dans ce cadre, le chef du gouvernement a suggéré, entre autres, la suppression de la Chambre haute et, simultanément, la réduction du nombre des députés.  A ce propos, il propose de diminuer l’effectif de 8 sièges, soit 5 % de la Chambre basse. Au final, l’Irlande perdra le tiers de ses parlementaires mais gagnera 20 millions d’euros d’épargne par an.

Ce projet, qui draine 60 % d’opinions favorables selon les dernières enquêtes, a été critiqué par le Fianna Fail, ancien parti aux commandes. Cette formation politique accuse M. Kenny de vouloir consolider son autorité. Et, au Premier ministre de riposter en montrant que son plan de suppression du Sénat prévoit d’octroyer plus de pouvoir aux commissions parlementaires, lesquelles seront chargées de superviser les projets de lois.