La France des biens mal-acquis africains

Il y a 4 ans, trois associations portaient plainte, en France, pour « recel de détournements des fonds publics » contre le président gabonais Omar Bongo, celui du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, et le président équato-guinéen, Obiang Nguema. Aujourd’hui, ces dirigeants et/ou leurs familles semblent continuer à se la couler douce en plein Hexagone.

En effet, la première plainte ayant été rejetée par le parquet de Paris, une autre ONG, Transparence International, traduisit en justice, à nouveau, ces dirigeants en décembre 2008. Jugée recevable puis annulée, elle sera finalement reçue fin 2010. En parallèle, les familles visées n’ont pas semblé inquiètes. Ainsi, aux 39 propriétés et 70 comptes bancaires que les Bongo possédaient selon un patrimoine établi en 2007 à cause de la première plainte,  Ali, actuel président, a ajouté, en 2009, une Bentley valant plus de 200.000 euros (270.000 dollars). Même tendance dans la famille Sassou-Nguesso: en 2010, la Première Dame s’est offert une Mercedes Classe E en France et, en 2009, Wilfried, le neveu, une Porsche de 137.000 euros (185.000 dollars) ; tout cela, en plus des 24 propriétés et 112 comptes relevés en 2007. Voitures de luxe toujours pour Nguema Obiang, le fils du dirigeant équato-guinéen, lequel a fait venir, en provenance des USA par l’aéroport de Vatry, 26 automobiles et six motos, d’une valeur de 12 millions de dollars en novembre 2009. En mars dernier, il a acquis 109 lots de la vente de la collection d’Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé de février 2009 pour plus de 18 millions d’euros (25 millions de dollars), une somme payée via la Société équato-guinéenne d’Exploitation Forestière (SOMAGUI), laquelle est sous sa supervision en tant que ministre de l’Agriculture.

Cette gabegie a intéressé l’Office Central pour la Répression de la Grande Délinquance Financière (OCRGDF), lequel a conclu que ces familles continuent « à amasser objets de luxe et voitures d’exception ». Ainsi, les juges actuellement en charge du dossier, ont sollicité un réquisitoire supplétif pour enquêter sur ces nouvelles acquisitions : une demande rejetée. Peut-être parce que cette affaire ne plaît pas aux accusés, lesquels sont, accessoirement, à la tête d’Etats pétroliers.