La Turquie entre le marteau et l’enclume

La question qui revient sans cesse lorsqu’on évoque l’avancée fulgurante des djihadistes de l’organisation de l’Etat islamique ces derniers jours est : pourquoi la Turquie n’intervient-elle pas ? Tous les regards sont tournés vers Ankara, et ce pour des raisons évidentes. Les combats les plus intenses contre l’Etat islamique se déroulent désormais aux portes de la Turquie, dans la ville syrienne de Kobané, et tournent vraisemblablement à l’avantage des djihadistes.

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En début de cette semaine, les forces kurdes, seul bras armé de la coalition internationale sur le terrain, ne tenaient plus que le centre de la ville. Selon les journalistes qui observent de loin les combats, ces derniers sont cernés de toutes parts par le groupe Etat islamique, dont le drapeau flotte déjà sur certains bâtiments de Kobané. A quelques kilomètres seulement de la zone des combats, de l’autre côté de la frontière, l’armée turque campe toujours sur ses positions, le canon pointé en direction de la ville kurde syrienne.

Mais Ankara se trouve en porte-à-faux vis-à-vis de ses alliés de l’OTAN. Elle doit donner des gages solides de son implication dans la lutte contre le groupe djihadiste, d’autant plus que le 02 octobre dernier, le parlement turc a voté une loi autorisant son gouvernement à intervenir contre Daesh en Irak et en Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a lui-même affirmé que la situation était critique. D’après lui, il faut plus que des bombardements aériens pour venir au bout de l’organisation djihadiste. Il a déclaré mardi qu’ « une intervention au sol était nécessaire et que le plus tôt serait le mieux ». Pourtant, la Turquie ne veut pas engager ses troupes sur le terrain. Ce qu’a d’ailleurs affirmé l’un des membres de la coalition dirigée par les Etats-Unis. « Mais qu’arrivera-t-il si Kobané tombe effectivement aux mains des djihadistes ? », s’est-il interrogé